« D’année en année, cette fête du pain bénéficie d’un succès grandissant, s’enthousiasme Elisabeth Détry, la présidente de la Chambre de métiers et de l’artisanat 77. Les visiteurs découvrent toute la symbolique du produit car c’est un des rares métiers à mettre de manière aussi évidente l’artisanat en avant. « Ce rendez-vous intergénérationnel regroupe 4 générations allant des scolaires aux boulangers retraités en passant par les apprentis et les actifs. C’est un moment unique de partage qui a pu se créer grâce à l’investissement commun de la CMA 77, des artisans boulangers locaux et des municipalités concernées, car derrière la fête, il y a une logistique lourde, ne serait-ce que pour pouvoir se réunir avec les boulangers afin de peaufiner la préparation de l’événement .
Vers une fête des métiers ?
Même analyse de la part de Jérôme Guyard, le maire de Ponthierry est dans son élément « je suis heureux de voir que l’on arrive encore à mettre l’artisanat en avant, et quand je vois le sourire des enfants en fin d’ateliers, je me dis que leur satisfaction est la plus belle récompense. J’appelle de tous mes vœux à la mise en place d’une fête des métiers de l’artisanat qui pourrait s’organiser à la base de loisir afin de faire connaître des métiers souvent méconnus de la population et provoquer des vocations » Un vrai appel du pied à la CMA 77, très sensible à cette proposition, pour un embryon de projet qui pourrait bientôt devenir réalité.
Les difficultés du métier
Pascal Pineau, boulanger à Melun et membre du bureau de la CMA 77, ne se contente pas de ce tableau satisfaisant. « Notre métier, bien que très noble est également touché par la crise, la concurrence des points chauds des enseignes de la grande distribution ou des chaînes industrielles qui fleurissent en entrée de ville sont des concurrents qu’il ne faut pas négliger. Pourtant l’artisan boulanger (un terme protégé) reste un des derniers garants de la vie de nos villages, il continue à créer du lien social en privilégiant une alimentation de qualité car la boulangerie, à l’instar du café d’autrefois reste un lieu de rencontre privilégié, de lien social et génère des emplois directs non négligeables. Cela reste un métier d’avenir, une opportunité que la jeune génération se doit de saisir, car les conditions de travail ont bien changé, elle est loin l’époque où le boulanger passait la nuit dans son fournil, nous fabriquons toujours la pâte avec nos matières premières mais avec moins de contraintes ».
Sous couvert d’anonymat, un des boulangers présent révélait néanmoins qu’en terme de concurrence, la boulangerie industrielle n’était pas sa principale inquiétude : « les habitudes de consommation ont changé, les formules sandwichs du déjeuner, qui sont très demandées, représentent plus de 20 % de mon chiffre d’affaires, moi c’est plutôt les fast-foods qui m’inquiètent, je ne peux pas rivaliser avec leurs menus. Pour le pain, je ne me fais pas de soucis, les consommateurs aiment la qualité, à un moment ou un autre ils reviennent vers l’artisan ».