Depuis quelques années, les gens du voyage se sédentarisent de plus en plus, cherchant à s’installer dans les villages. Un phénomène qui est loin de plaire à tout le monde. À Perthes-en-Gatinais, un village situé à 10 km de Melun, une dizaine de terrains non constructible a été achetée par la communauté des gens du voyage depuis quelques années, soit environ 4 à 5 hectares.
Urbanisme
L’installation à Perthes par les nomades qui ont dernièrement acheté deux terrains pour au total 3 hectares, n’est pas du tout du goût d’Alain Chambron, maire de la ville : « Ces terrains non constructibles sont des terres agricoles faites pour la production agricole et pas pour en faire des parkings à caravanes ». Un sujet sensible qui pose la question de l’urbanisme. « Outre les risques de pollution, cela défigure notre environnement et l’urbanisme de la ville » s’insurge le maire de la ville. « On a besoin des terres agricoles pour faire vivre notre territoire, il faut préserver ces espaces pour la production agricole du Gâtinais comme l’orge braticole, le cresson, la volaille ou d’autres herbes aromatiques » explique Emmanuelle Guillemault, directrice du Parc Naturel Régionale du Gâtinais qui s’étend sur 75 hectares et couvre 69 communes.
Méfiance
Même son de cloche du côté des habitants : « Dernièrement les gens du voyage se sont installés pendant un mois juste devant le collège, et les riverains n’étaient vraiment pas contents » témoigne le boulanger de la ville. En effet, des gens du voyage, qui eux sont seulement de passage, se sont installés pendant au moins un mois et sont partis dimanche dernier. Une présence qui met de l’huile sur le feu après de nombreux achats de terres agricoles sur la commune par les nomades. « Nous, on paie notre électricité, eux se branchent partout, sur la borne incendie devant le collège pour avoir de l’eau, c’est inadmissible » témoigne un habitant sous couvert d’anonymat. Pour le boulanger de la ville il avoue que leur présence « est bénéfique pour son commerce » et qu’il n’a « jamais eu aucun soucis avec les gens du voyage ».
Gâtinais
Pour contrer l’achat de terrains non constructibles par les nomades, la municipalité a acheté une dizaine de terrains qui représente au total entre 5 et 6 hectares. « Eux, ils sont contents car ils achètent 5 à 6 fois moins cher que du bâti sauf qu’ils achètent les terres prioritaires aux agriculteurs » s’insurge l’édile. La municipalité ne compte pas s’arrêter là. Elle a décidé de saisir à ce sujet le préfet de Seine-et-Marne avec l’ensemble des maires des communes de la communauté du Pays de Bière, le 1er juin prochain au Parc Naturel Régional du Gâtinais. « Suite à la demande de plusieurs élus, on va organiser d’ici 15 jours, une rencontre avec les élus de la Communauté du Pays de Bière, les notaires et sûrement les services d’État afin d’initier une vraie réflexion sur la préservation et la valorisation des zones naturelles et des terres agricoles. L’idée c’est aussi de faire le point avec les élus sur l’ensemble des outils dont ils disposent pour préserver les terres agricoles de la région » conclue Emmanuelle Guillemault, directrice du Parc Naturel Régional du Gâtinais, dont la charte interdit aux communes d’utiliser plus de 5 % des terres agricoles.
Emilie OLIVEIRA