Les investisseurs qui aiment les villes historiques vont pouvoir regarder du côté de Fontainebleau, car la ville vient de décider de mettre en vente trois éléments de son patrimoine : la villa Lavaurs, le bâtiment de l’Octroi, et le local de la rue des Trois-Maillets accueillant la permanence sur la requalification urbaine. Le maire Frédéric Valletoux n’a jamais caché son intention de vendre une partie du patrimoine de la ville, dans le cadre de la « gestion active du patrimoine, par la cession des biens inutiles au service public ». Ces trois sites, qui représentent une valeur marchande importante (au moins 3 millions d’euros) ne sont en effet plus affectés à l’heure actuelle. Lors du vote du budget, le maire avait justifié ces futurs ventes : « Il y a un souci de cohérence et de responsabilité. La direction est la même depuis des années : ce qui ne concourt pas au service public, on le cède pour privilégier les investissements ».
La villa Lavaurs a longtemps accueilli le musée napoléonien. Son jardin s’est également ouvert au public dans les années 90 pour accueillir des jeux pour enfants. Pendant longtemps, la ville a tenté de convaincre les autres communes de l’intercommunalité pour en faire son siège après le départ du musée, en vain. Il faut dire que la villa n’est guère plus grande que les actuels locaux de la rue du château et que l’emplacement est placé en plein centre de Fontainebleau. Aussi et surtout, la villa a besoin de travaux. Sa toiture notamment doit être refaite, ce qui exclut, en ces temps d’économie, toute possibilité d’une reprise municipale.
Le jardin public en danger ?
Si le principe de la vente n’a pas en soi créé de polémique, l’avenir du jardin public est plus flou. Lors du conseil municipal, Monique Fournier a relevé que l’option d’une revente d’une partie du terrain située à l’arrière de la villa figurait bien dans la délibération. « La délimitation précise n’est pas connue à ce jour », précise la note du conseil municipal. La ville a même fait une évaluation par le service des domaines d’une cession de la propriété avec l’aire de jeux (2,7 millions d’euros) ou sans (2,45 millions). On comprend donc que la ville préférerait garder son jardin public, mais que si un acheteur souhaite acquérir le tout, il aura la possibilité de le faire. « C’est le seul jardin d’enfants de centre-ville et sa perte causerait un grave préjudice aux familles », déplore le groupe de Richard Duvauchelle. Roseline Sarkissian n’est « pas favorable à une vente immédiate. Elle est précipitée. Alors même que se profile une extension du périmètre et des compétences de la communauté de communes, on ne peut pas exclure un besoin en équipements publics collectifs. La conservation de l’espace de jeux pour les enfants, le seul en centre-ville est quoi qu’il en soit un impératif. »
L’emplacement stratégique de l’Octroi
Le cas de l’Octroi, ou « Maison de l’Obélisque » prête lui aussi à discussion. Le petit bâtiment situé face à l’Obélisque dans l’angle du boulevard Magenta accueillait des places d’hébergement pour les sans-domicile fixe, juusqu’à sa fermeture récente. Plus que sa valeur patrimoniale, c’est son emplacement qui fait débat : « C’est un lieu symbolique de l’Histoire de Fontainebleau qui constitue l’entrée de la Ville du carrefour de l’Obélisque et dont l’affectation doit rester à la main de la collectivité » explique le groupe de Richard Duvauchelle. L’ancien adjoint au patrimoine Jean-Christophe Laprée a fait part sur Twitter de sa désapprobation : « Céder l’Octroi, c’est perdre la main sur une partie essentielle du réaménagement du carrefour de l’Obélisque du Conseil général. Rien dans la délibération ne permet d’assurer la qualité d’entrée de ville future ». Le projet de rénovation du carrefour de l’Obélisque est dans les cartons depuis longtemps. A voir donc si la vente à un tier ne risque pas de compliqué un projet déjà à l’arrêt.
La mise en vente du Point Information Requalification, elle, ne semble émouvoir personne. Et pour cause : il est fermé au public depuis plus d’un an, symbole, selon la socialiste Roseline Sarkissian, qui ironise sur le sujet, « de la vitalité du projet de requalification urbaine ».
Yoann VALLIER
La villa Lavaurs, symbole du XIXe
La Villa Lavaurs est reconnue par les défenseurs du patrimoine bellifontian comme un témoignage de l’urbanisme du XIXe siècle à Fontainebleau, époque où la ville était un lieu de villégiature en vogue grâce au train. C’est Raymond Lavaurs (1846 – 1927) qui la fit construire vers 1897 sur le terrain de l’Hôtel des Quatre Secrétaires du Roi. (Source : Fontainebleau Patrimoine)