La soudaine fermeture de la piscine de la Faisanderie, au cœur de l’été, a porté un très vilain coup aux finances de la communauté de communes. L’addition est salée : 1,7 million d’euros de travaux (quand la première estimation tablait sur 1 million) et 240.000 euros de manque à gagner en 2015 en raison des recettes inexistantes. De l’avis de tous les conseillers communautaires, ce chantier est prioritaire et justifie la hausse d’impôts intercommunaux (lire par ailleurs).
Mais alors que l’on ne sait toujours pas quand la piscine pourra rouvrir, les travaux n’ayant toujours pas commencé, l’opposition n’a pas tardé à remettre en doute le côté « imprévisible » de ce chantier. Si les cinq maires ont signé un communiqué de presse décrivant cette fermeture « d’imprévue » et les investissements « non programmés », Monique Fournier est plus réservée : « l’information sur la dégradation de l’établissement n’est pas nouvelle. On en retrouve trace dans les débats de l’ancienne mandature. On a attendu discrètement que les élections soient passées » a t-elle dit au conseil communautaire, provoquant au passage la colère de Frédéric Valletoux.
Des problèmes connus depuis 2013 ?
Dès l’annonce de la fermeture l’été dernier, le conseiller d’opposition Cédric Thoma révélait que les problèmes sur la structure de la piscine, notamment sur les poteaux, ont été détectés dès l’été 2013, citant le livre comptable de la communauté de communes : « un rapport d’expertise commandé à l’époque concluait à la nécessité d’effectuer de nouveaux travaux pour sécuriser le bâtiment ».
Des informations communiquées aux conseillers communautaires, mais qui n’avaient « pas été rendues publiques avant les élections municipales », toujours selon M. Thoma. Nous avons interrogé deux anciens adjoints communautaires : l’ancien maire d’Avon Jean-Pierre Le Poulain et l’ancien adjoint au patrimoine de Fontainebleau Jean-Christophe Laprée. Pour « JPLP », les « désordres étaient connus depuis le début. Nous avons lancé une procédure juridique contre le maître d’œuvre, encore en cours actuellement. On parlait de la maladie du béton et d’une erreur de calcul du point de condensation du plafond ! Tout le monde était au courant et il y avait de grosses pressions pour que ça ouvre. Comme il y avait une procédure en cours, je faisais confiance aux services juridiques de la CC ».
Jean-Christophe Laprée reconnait lui aussi que les élus étaient « au courant qu’il y avait des désordres et qu’il y avait des solutions, mais coûteuses. Cette piscine a toujours eu une vie cahotique. Le fait de ne pas avoir traité les poteaux béton a engendré des problèmes sur les poutres. On savait qu’il faudrait mettre de l’argent, mais sur le rapport de 2013 de la communauté de communes, tout allait bien officiellement ».
Sur ce dossier, l’avenir reste incertain. La communauté de communes pourrait récupérer 3 millions d’euros du maître d’ouvrage si la plainte aboutit. Enfin, la date de réouverture reste un gros point d’interrogation. A la rentrée, comme le souhaitait M. Valletoux ? « Je n’y crois pas du tout, tranche M. Laprée. Quand on connait le dossier et ce type de procédure, on sait que ce n’est pas sérieux ».
Contacté, Frédéric Valletoux a refusé de répondre à nos questions.
Yoann VALLIER