Des maquettes d’avion de chasse qui trônent sur les étagères de son bureau. Des clichés en noir et blanc encadrés sur les murs de l’entrée de sa grande maison. « Sur celle-ci, nous étions en patrouille avec mes six enfants et ma sœur », se souvient Jean-Marie Saget, pilote d’essai chez Dassault à la retraite. Cet amoureux de la haute voltige, bercé par les aventures de Nungesser et Coli et de Pierre Clostermann, n’en a pas fini de voler. Il fêtera, en mai prochain, ses 20 000 heures de pilotage.
« Quand j’étais jeune, tout ce qui touchait à l’aviation nous faisait rêver. À l’époque, tout le monde voulait devenir aviateur ! », raconte-t-il.
Dans toutes les positions
Alors, quand éclate la guerre, c’est les yeux rivés vers le ciel que Jean-Marie Saget vit les événements : « J’avais fort envie d’être à bord d’un avion de chasse, indépendamment du danger que ça représentait. » À 20 ans, il obtient son diplôme de l’école de l’air et ne cessera jamais de voler. Depuis, il pilote avec un plaisir qui ne s’est jamais effrité.
« C’est une grande joie que de se propulser dans la troisième dimension. L’homme a toujours voulu voler. C’est une expérience exceptionnelle. Quand on prend de la hauteur, on voit les choses différemment », remarque-t-il, les yeux pétillants.
Engagé par Marcel Dassault en 1954, il s’envoie en l’air, aux commandes du Mirage, de l’Alphajet ou du Super-Etendard. Et ce, dans toutes les positions, s’il vous plaît ! À la verticale comme à l’horizontale. Vrilles, tonneaux, renversements n’auront aucun secret pour Jean-Marie Saget. « C’est excitant de contrôler ces appareils, relate-t-il. C’était un métier passionnant qui vous prend corps et âme, jour et nuit. »
Et ce n’est pas un malheureux crash, au Caire, en Égypte, en 1978, qui entachera cette incontrôlable fougue. Une panne de réacteurs avait alors planté son Alphajet dans le décor. Par chance, le pilote ne s’en tire qu’avec des égratignures. « Je n’ai pas pu m’éjecter, j’étais trop bas. Cela aurait pu être plus grave. »
« Une belle carrière »
Trente-sept ans plus tard, malgré son grand âge, le pilote à la retraite donne des cours à de jeunes apprentis, trois fois par semaine.
« Je rends à l’aviation ce qu’elle m’a donné. C’est très valorisant de voir des jeunes qui se destinent à ce métier. »
Jean-Marie Saget a ainsi formé des dizaines de jeunes pilotes d’essais mais également entraîné un champion de haute voltige.
Fréquemment contrôlé par un médecin spécialisé dans l’aéronautique, l’octogénaire a conservé toutes ses facultés motrices. « Tant que je suis en bonne santé, je continue. Aujourd’hui encore, j’en profite largement. Le jour où mon médecin me conseillera de ne plus voler, je m’arrêterai sans regret. C’est un grand privilège que j’ai eu dans ma vie. J’aurais l’impression d’avoir connu une belle carrière ! »