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Exposition de Charles Goldstein : « Chaque toile est une pierre tombale »

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Des tubes de gouache usagés alignés en rang d’oignon, des dizaines de pinceaux badigeonnés de couleurs vives qui tentent de s’offrir une seconde jeunesse dans des bocaux humides. Des chevalets exposant une centaine d’œuvres, en partance pour l’Espace Saint-Jean, à Melun. La pièce vibre des notes de piano de Chopin, dans une atmosphère à la fois tranquille et douillette.

Bienvenue dans l’atelier de Charles Goldstein, son « cocon », comme il aime à le nommer, où le peintre et ex-adjoint au maire de Melun, passe ses journées, parfois même des nuits entières. Toujours avec la même obsession : rendre hommage à cette famille qu’il n’a pas eu le temps de connaître.

« J’avais 6 ans. Ma mère m’avait laissé derrière un muret après une course-poursuite de cinq kilomètres avec les Allemands qui nous tiraient dessus à la mitrailleuse, raconte l’artiste, réchappé d’une rafle dans un village du Lot. Elle est allée frapper à la porte d’un couple de paysans qui nous ont recueillis et cachés dans une meule de foin. »

Après six mois passés dans un couvent, ce miraculé ne vit désormais que pour la peinture.

Faire revivre les morts

« Depuis 20 ans, je travaille sur cette ré-appropriation mémorielle. Une manière de rendre hommage à cette famille que je n’ai pas connu. On n’a jamais retrouvé les corps de ces 84 personnes. Mes grands-parents, mes arrières grands-parents, mes oncles, tantes et cousins. Il ne reste plus aucune trace. Peindre, c’est ma façon de les faire revivre. Chaque toile est, en quelque sorte, comme une pierre tombale »

Sur une étagère, une photo en noir et blanc. Au premier rang, ses grands-parents, le regard joyeux.

« C’est la seule photo qu’il me reste. Quand je la regarde, je parviens à les imaginer, à imaginer leur vie en Pologne. J’arrive à me mettre à leur place et à être dans ce village avec eux. Cela m’aide à créer une bulle indispensable à cette introspection nécessaire pour la création. »

« Traduire l’indicible »

C’est en 1949 que Charles Goldstein prend conscience de son don, grâce à un professeur d’art plastique du lycée Jacques Amyot. Depuis cette date, il ne cessera de dessiner. Hanté par ses démons, il passera de la peinture figurative à l’abstrait dès son retour de la guerre d’Algérie durant laquelle il était sous-lieutenant. « Je n’arrivais plus à m’exprimer à travers la figuration. Quand on veut traduire l’indicible, on ne peut plus être dans l’instantané. »

Exposition de Charles Goldstein du 21 mars au 23 mai, à l’Espace Saint-Jean, à Melun. Vernissage le dimanche 22 mars, à 11 h. Entrée libre.

Plus d’infos : 01 64 52 10 95.


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