La semaine, Jean-Yves Drouin, Varennois de 60 ans, revêt son habituel tablier de cuisinier au lycée Flora Tristan de Montereau. Le week-end, en revanche, il enfile un tout autre uniforme : celui de grenadier de l’armée Napoléonienne, ces soldats qui ont notamment combattu lors de la bataille de Montereau, le 18 février 1814. Membre de l’association Montereau Napoléon (lire ci-dessous), il s’est découvert cette passion il y a deux ans.
« Je me suis toujours intéressé à l’histoire, notamment celle des deux guerres mondiales, confie-t-il. Peu à peu, j’en suis venu à me tourner vers l’époque du Premier Empire et, naturellement, vers le célèbre personnage de Napoléon. Ce qui m’a tout de suite plu dans cette période historique, en plus du fait qu’elle a énormément changé la face de la France, tout comme la Révolution, c’est son aspect visuel. J’ai immédiatement trouvé fascinant les costumes de l’armée ». C’est donc tout naturellement que Jean-Yves Drouin s’est tourné vers les reconstitutions et qu’il a intégré le bataillon des grognards de l’association Montereau Napoléon.
Fichier joint manquant Fichier joint manquant Fichier joint manquant
Équipement : 2 500 €
Samedi, aux côtés de 150 autres reconstituants, dont les grognards de la Marne, il a défilé dans les rues de la cité des deux fleuves pour commémorer la bataille qui a eu lieu il y a 200 ans. « Lorsque j’enfile mon uniforme, j’ai l’impression d’interpréter un autre personnage, indique-t-il. J’entre dans la peau du guerrier que je n’ai jamais été et qu’une partie de moi a toujours voulu être ». Il se défend pour autant « de jouer au soldat » : « Ça va plus loin que ça. Certes, je prends plaisir à interpréter ce rôle, mais mon intention, tout comme celle des autres reconstituants, est aussi de mettre en scène l’histoire, de la jouer devant un public. Lorsque je défile, je ressens la fierté de l’uniforme et celle de la nation. »
Cet enthousiasme se retrouve d’ailleurs dans l’investissement humain et financier qu’il consacre à cette activité qui, chaque année, attire de plus en plus d’adeptes. Pour son seul équipement de grenadier impérial, il a en effet dépensé plus de 2 500 euros, dont 1 300 euros rien que pour le fusil. « Le milieu des reconstituants est extrêmement exigeant, détaille-t-il. Non seulement il faut avoir un équipement irréprochable, le moindre bouton manquant ou en trop peut nous interdire l’accès à la reconstitution, mais il faut aussi savoir marcher au pas et appliquer correctement les ordres des officiers. »
Napoléon : « Icône intouchable»
L’année dernière, lui et ses acolytes n’ont pas eu l’honneur de figurer parmi les 900 reconstituants venus célébrer le bicentenaire à Montereau. « Nos uniformes n’auraient pas été acceptés, consent-il. Notre association est jeune. Elle a d’abord besoin de se faire un nom. C’est d’ailleurs pour cela que l’on s’entraîne régulièrement avec le bataillon des grognards de la Marne. »
Avec le recul, Jean-Yves Drouin a bien conscience de la nature controversée du personnage de Napoléon. « Il est vrai que dans ce milieu, certains vouent un culte à Napoléon, au point d’en faire parfois une icône intouchable, admet-il. Ils peuvent d’ailleurs être très susceptibles sur la question. Mais tous ne sont pas comme ça. S’habiller en grognard n’empêche pas d’ouvrir les yeux sur toutes les facettes de la personnalité de l’Empereur, même les plus controversées. Et puis, l’histoire du Premier Empire ne se réduit pas à la seule personne de Napoléon. »
Zoom sur l’association Montereau Napoléon
-
L’association Montereau Napoléon est née en septembre 2013. Présidée par Alain Dreze, ancien maire de la cité des deux fleuves (1989-1995), elle œuvre pour la promotion de l’image de l’Empereur, via notamment un soutient au projet de parc Napoléon porté par Yves Jégo. Forte de cinquante membres, elle regroupe aussi le bataillon des grognards de Montereau, composé d’une quinzaine de reconstituants qui prennent plaisir, comme c’était le cas samedi à Montereau, à défiler et à faire revivre les grandes heures de l’histoire du Premier Empire. Ceux-ci sont par ailleurs complétés par la partie civile qui regroupe des vivandières et des paysannes, en tenue d’époque bien entendu.
Bien que nouvelle dans ce monde impitoyable des reconstituants, elle s’efforce, depuis sa création, de se créer une image et de se faire reconnaître par ses pairs. « Pour commencer petit, nous ne ferons que grandir », a d’ailleurs expliqué Alain Dreze samedi à la salle Rustic, après le défilé de 150 personnes dans les rues de Montereau, en costume ou uniforme.
Plus d’informations sur l’association : Laurent Vion – 06 47 22 00 21.