« Carton rouge pour le directeur de l’hôpital » : c’est dans ces termes forts que Jean-François Chalot, le président de Familles Laïques, débute un article sur le site internet de l’association. Ce dernier remet en cause la gestion des urgences et dénonce « une situation difficile ».
« Rien ne va plus depuis longtemps aux services d’urgences de Melun !, constate-t-il. Les malades n’en peuvent plus d’attendre des heures avant d’être pris en charge, les personnels soignants pâtissent des conséquences : mécontentement des patients, difficultés de faire son travail, etc. »
Avant de s’interroger : « Que fait le directeur de l’hôpital ? »
« Une catastrophe »
La goutte d’eau qui a fait déborder le vase ? La destitution du chef de pôle Smur-Urgences-Réanimation. « La direction de l’hôpital décapite le service, analyse Jean-François Chalot. Mais nous faisons bloc derrière le docteur Liot qui a toujours défendu la qualité des soins pour qu’elle ne se détériore pas au détriment des patients. »
Même son de cloche chez certains patients dont la mauvaise expérience aux urgences les contraint à éviter l’hôpital Marc-Jacquet et à se rabattre sur d’autres établissements, quitte à faire de la route. C’est le cas de Nicolas, 42 ans, habitant de Mormant.
« En octobre 2013, je suis arrivé aux urgences à 13 h 30 pour suspicion importante de phlébite. Une salle d’attente comble. Une douleur insoutenable à une jambe qu’il faut surélever. J’ai patienté 7 h sur des chaises en métal en voyant défiler un nombre incroyable de personnes avec des petits “ bobos”, se souvient-il. J’ai enfin été pris en charge à 20 h pour être vu par un médecin à 20 h 30 et entendre celui-ci me dire que j’étais passé très près de l’embolie pulmonaire et qu’il était temps alors que ça faisait juste 7 h que j’attendais et que j’avais signalé ce qui m’avait été diagnostiqué. Résultat, après avoir consulté un phlébologue, les dégâts sont irréversibles et suis condamné à un traitement anticoagulant et bas de contention à vie. »
Les témoignages de ces patients mécontents sont nombreux.
« Tous les hôpitaux sont saturés »
Une attaque que ne comprend pas la direction de l’hôpital. « C’est une insulte aux personnes qui font un travail formidable, déplore Dominique Peljak, le directeur de l’hôpital.
« Nous faisons face à une situation épidémique depuis six semaines, admet Gilles Cancé, le chef de service des urgences. Mais il est faux de dire que nous avons un problème d’effectif. D’ailleurs, si nous avions d’avantage de médecins, nous n’aurions pas les locaux nécessaires. »
Sur les délais d’attente aux urgences :
« Entre 50 et 60 % des patients sont sortis en moins de deux heures. »
Et Mehran Monchi, le président de la commission médicale de l’établissement, d’ajouter : « Jean-François Chalot lance une grenade dégoupillée ! Nous ne disons pas que tout est parfait. Mais tous les hôpitaux sont saturés. À Melun, nous ne ménageons pas nos efforts pour améliorer les soins et notre réputation. »