Yves Lagües-Baget est maire de la petite commune de Champeaux (820 habitants) depuis 2001. Réélu depuis mars 2014, à l’heure où il prépare avec son adjoint aux finances, le budget primitif 2015, avec notamment le projet d’anticiper la baisse annoncée de la dotation de l’Etat, pousse « un coup de gueule » contre l’Etat, un cri d’alarme.
Selon lui, la commune de Champeaux fermera ses portes dans 730 jours. Et il s’explique.
« La dotation de l’Etat pour notre commune baisse de 13 000 euros pour 2015, soit l’autofinancement que nous avons dégagé en 2013. Et nos efforts de 2014 sont aujourd’hui réduits à néant. Nous envisageons des investissements indispensables mais aussi le financement de l’inadaptée et ruineuse réforme des rythmes scolaires que le gouvernement nous a si “irresponsablement” confiée. C’était sans compter sur cette autre proposition du gouvernement, entérinée par le vote de nos parlementaires ! 13 000 euros c’est la dotation que nous consacrons à notre Centre communal d’action sociale, c’est encore le montant des subventions au réseau associatif. Cette razzia trouve une réédition en 2016 et 2017. Sur 100 000 € de dotation perçue en 2013, il ne restera que 60 000 € en 2017. Aussi j’ai la douleur d’annoncer, si rien n’est fait, le dépôt de bilan de notre commune dès 2016 » annonce amèrement dans un communiqué de presse le maire Yves Lagües-Baget.
« Oubliés de la République »
Il continue : « Comment le gouvernement, les députés, les sénateurs peuvent-ils sanctionner leurs territoires, leur population et leurs élus locaux ?.. Les maires ruraux (il fait partie du bureau de l’association des maires ruraux de Seine-et-Marne) devront-ils s’affubler du titre d’ oubliés de la République ? » « Plus grave, cette politique de la terre brûlée fera-t-elle de nous une minorité ? »
Et le maire de se poser des questions : « Comment allons-nous boucler nos finances ? Et si demain nous devenions inutiles ? De quelle démocratie parlerons-nous alors ?
Appel à réagir
Il lance un appel : « J’encourage tous mes collègues à résister, à s’indigner, à s’organiser pour que nos territoires continuent à vivre ! Si tous les maires et élus ruraux de France se rassemblaient pour dire NON, élections départementales ou pas, on s’en moque ? Le temps de l’action est venu pour sauver nos communes et notre démocratie locale », dénonce l’élu de Champeaux. Dans son communiqué Yves Lagües-Baget accuse aussi les élus de leur naïveté de croire que les fusions de communes, les regroupements des intercommunalités, les transferts de compétences à outrance sont « la » solution aux nécessaires investissements auxquels il doit être fait. « Les communes rurales ne doivent pas être sous-représentées au sein de leur territoire ».
B. H.