Pour les médecins, la pilule est dure à avaler. « Nous essayons d’assurer notre succession plutôt que de laisser nos patients dans l’embarras en anticipant notre départ en retraite », explique le docteur Bernard Moriau, 64 ans, installé depuis 1980 à la maison médicale des Bois. Avec le docteur Isabelle Schaller, 62 ans, ce dernier avait entamé des pourparlers avec la municipalité pour la construction de deux nouveaux bureaux. D’une surface actuelle de 97 m2, le cabinet nécessiterait d’une extension de 54 m2 possible par l’arrière, sur le jardin de 84 m2 pour une surface totale de 151 m2. « Nous avons fait venir un géomètre, un architecte, un notaire, raconte Isabelle Schaller. Nous nous sommes mobilisés et y avons laissé beaucoup d’énergie. »
Dans une volonté de rendre Nandy attractif à l’exercice des professions de santé, les médecins sont également maître de stage et forment des internes. Le but ? Faire venir les étudiants dans l’espoir que ceux-ci s’installent sur le territoire définitivement. Et pour ça, il faudrait un bureau pour ces jeunes en formation.
Oui mais voilà. Les membres du syndic de copropriétaires se sont exprimés contre le projet, lors de l’assemblée générale qui s’est déroulée le vendredi 30 septembre. Certes, pas à la majorité, mais le tantième l’a finalement emporté.
« Une vengeance personnelle »
Une décision difficile à comprendre à une époque où il est aussi simple de prendre rendez-vous chez le médecin que de faire d’un arrachage de dent une partie de plaisir. Alors pourquoi les médecins semblent-ils considérés des pestiférés ? Le va-et-vient des patients gênerait certains résidents.
« C’est complètement idiot, s’insurge René Brimbeuf, le président du syndic de copropriété. Les nuisances sont minimes par rapport aux avantages de disposer d’un cabinet médical. D’autant qu’en plus, aujourd’hui, le portail de la résidence est fermé et les nuisances de voiture ne sont plus qu’un souvenir. » Mais, selon lui, la vraie raison de ce refus serait plus primaire. René Brimbeuf évoque, en effet, « une vengeance personnelle de certains copropriétaires qui n’ont pas pu être pris au cabinet médical. Dans l’esprit s’ils ne nous prennent pas, on n’en veut pas chez nous. »
« Pas de plan B »
René Rhétoré (PS), le maire, qui a défendu le dossier, ne cache pas sa déception. « Ce cabinet existe depuis 30 ans et je n’ai jamais connu de problème particulier, s’étonne-t-il. Notre volonté c’est de trouver un autre lieu mais nous n’en avons pas. Je n’ai pas de plan B. »
L’élu avait prévu la constitution de deux pôles médicaux : le premier au Sud de la Ville, du côté de l’Allée Royale et le second, donc au cabinet médical des Bois.
Alors que faire maintenant ? René Brimbeuf milite pour un nouveau vote. « Une assemblée générale spéciale doit pouvoir avoir lieue car certains copropriétaires qui avaient voté contre le projet ont changé leur fusil d’épaule. »
Passée en un peu plus de trente ans de 400 à près de 6 000 habitants, la commune poursuit aujourd’hui son urbanisation pour atteindre 7 000 habitants en 2020. Aujourd’hui, Nandy compte 5 médecins dont deux sont proches du départ en retraite.