La Rep : Place du marché, stade Philippe Mahut, bibliothèque ou église, il faut reconnaître que les gros chantiers Bellifontains avancent. Votre avis ?
Roseline Sarkissian : Après plus de 10 ans de mandat, la rénovation d’équipements aussi fondamentaux qu’une bibliothèque ou un stade ne constitue pas une prouesse ! S’ils n’avaient pas été délaissés au profit du Grand Parquet, ces travaux auraient pu être réalisés depuis des années déjà et n’auraient pas entraîné des hausses d’impôts pour boucler leur financement.
Quel est le projet sur lequel vous auriez procédé complètement différemment ?
La bibliothèque aurait dû devenir un projet communautaire et l’église aurait pu être rénovée avec une enveloppe budgétaire plus raisonnable. Le stade Philippe Mahut redimensionné me semble adapté aux besoins. Le projet sur lequel je suis en désaccord complet c’est la place de la République. D’abord parce que je suis favorable à une requalification globale du centre-ville comprenant la réhabilitation des autres places ainsi que la rénovation des 1.200 logements de centre-ville laissés vacants. Ensuite parce que le parti pris d’une création de parking souterrain et de destruction de la halle sur la place de la République n’étaient pas les miens. J’ai défendu une solution moderne, plus écologique et moins coûteuse avec l’utilisation optimale des parkings existants, la création de parkings périphériques et le recours à un architecte contemporain pour revaloriser la halle. La page est désormais tournée. Il est important que cette place soit agréable, vivante et que le marché puisse à nouveau s’y tenir.
Au conseil, la tension est plus vive que jamais, et vos rapports avec le maire semblent s’être tendus. Comment sortir de cette spirale des petites phrases et réussir à retrouver un débat serein ?
Il ne faut pas réduire le débat à sa forme, à son ton vif voire violent. Les oppositions de fond sont réelles et se sont exprimées lors du débat budgétaire. Les tensions ne sont d’ailleurs pas nouvelles, elles sont en partie le fait d’une gouvernance très solitaire du premier magistrat.
Niveau intercommunalité, seriez-vous favorable à ce que la présidence ne soit plus bellifontaine ?
Oui tout à fait. Mieux encore, je pense que ce serait une garantie d’un fonctionnement apaisé.
Vous étiez en première ligne lors des Régionales en étant porte-parole de Claude Bartolone dans le 77 (tête de liste et co-responsable du projet environnement, agriculture et ruralité NDLR). Comment jugez-vous les débuts de Valérie Pécresse ?
Valérie Pécresse a fait campagne en multipliant les promesses,en particulier en Seine-et- Marne. Or, ses décisions donnent, déjà à voir ses premiers renoncements : augmentation du Pass navigo, électrification partielle de la ligne, coupes dans les crédits affectés aux contrats ruraux et régionaux, à la politique du logement, de l’eau, de l’agriculture de proximité et biologique, aux lycées… Ce sont autant d’investissements, d’équipements, de projets qui ne pourront être réalisés dans les territoires. Le symbole de sa gestion approximative a été la sous- évaluation dramatique de la situation d;urgence lors des inondations du Loing et de la Seine, une enveloppe totalement insuffisante d’un million d’euros ayant d’abord été prévue avant d’être réévaluée sous la pression de l’opposition. Par ailleurs, alors qu’on observe des signaux de reprise économique dans de nombreuses régions, l’Ile–de-France est en retrait par rapport à son potentiel. La Région doit davantage se mobiliser aux côtés de l’État, des collectivités, pour soutenir la création d’emplois, le développement économique et touristique.
Si vous deviez choisir un candidat à d’éventuelles primaires à gauche pour les présidentielles, ce serait qui ?
S’il est candidat, je soutiendrai le président de la République sortant, François Hollande.
De façon plus générale, avec un contexte morose, restez-vous optimiste pour votre pays ?
La situation est objectivement difficile, sur le front de l’emploi notamment, même si on observe une amélioration et bien sûr, en raison des attentats. Mais oui, je reste optimiste. J’ai une grande confiance dans les valeurs de notre pays, dans les talents et l’énergie de nos concitoyens. Les Français font preuve d’un grand sens des responsabilités, ils ont des attentes légitimes mais ne cèdent pas à la panique.
Propos recueillis par Yoann VALLIER