L’homme n’est jamais avare de bons mots et d’anecdotes. Sa voix singulière accompagne depuis 47 ans les courses franciliennes et nationales. Mercredi 7 septembre, il commentait sa dernière course cycliste en Seine-et-Marne. Une fin choisie : « J’ai commencé à être speaker en 1969 sur un concours de circonstance. J’ai du dépanner mon père, président de l’US Melun, sur la nocturne de Melun dans le cadre des Quatre jours de Seine-et-Marne. Le speaker prévu avait la voix enrouée. Finir sur l’organisation de son souvenir est un choix même si j’avais commencé à céder la place à Antoine Poncet depuis quelques années». Du haut de ses 18 ans, il animait une course remportée par Bernard Thévenet. Il ne va plus lâcher le micro.
Hinault, Turgis et Marinelli
De son podium d’animation, il a vu défiler des coureurs devant lui. Il en retient trois : Bernard Hinault « un coureur extraordinaire », Anthony Turgis « la classe à l’état pure », et Jacques Marinelli, qu’il n’a pas vu en course mais de qui il retient l’image d’ « un manager, d’un leader, d’un personnage d’une grande humilité ». Amoureux des bons mots, il ajoute pour l’ancien troisième du Tour de France (1949) et ancien maire de Melun : « C’est un grand bonhomme malgré sa taille ».
Encore trois courses
Pour sa dernière course, il a travaillé à l’ancienne, faute d’imprimante : « J’ai mis deux heures à reprendre le nom des inscrits (91 partants) et leurs palmarès. L’animation d’une course c’est beaucoup de travail. Lorsque l’on fait les courses chaque semaine on a les palmarès naturellement mais lorsque c’est de manière occasionnelle, si on veut offrir une belle animation il faut aller chercher les résultats des coureurs ».
D’un point de vue animation, il lui reste trois courses à commenter : deux cyclocross (Verts-Saint-Denis, organisé par son club du Melun cyclisme organisation, et le Souvenir Jean Robic à Wissous), et une sur route, la Fédérale juniors à Hirson pour son ami Jean-Pierre Depil « Cela sera ma dixième édition. Il est bien de s’arrêter là ».
« Il y a du panache dans ce sport »
Président du Melun Cyclisme Organisation, il va poursuivre cette activité même si ce n’est pas toujours simple puisqu’il vit une nouvelle vie près d’Avignon et va même retourner devant le maire à 65 ans pour s’unir avec Anne. Après 47 années passées derrière le micro, Jean-Paul Sénéchal ne peut, malgré sa joie communicative, que dresser un bilan mitigé de la situation de son sport : « Le cyclisme va de plus en plus mal. Le public se délite même si cela reste le plus beau des sports, dans la performance, dans l’esthétisme, dans le scénario et dans l’émotion. Qu’est ce qu’il y a de plus beau que de voir un cycliste dans les intempérie en haut d’un col. Il y a du panache dans ce sport ». Un sport qui va perdre l’une de ses voix les plus agréables à l’écoute et souriante à entendre.
Sébastien LATTANZIO