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Abandonné à la maternité de l’hôpital il y a 21 ans, il retrouve son père biologique

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Jean-Charles a retrouvé son père biologique, 21 ans après avoir été abandonné à l'hôpital de Nemours à la naissance. (© DR) -

Il était à la recherche de celle qui l’avait mis au monde, et a finalement réussi à retrouver son père biologique. Pour Jean-Charles, 21 ans, à peine âgé de quelques heures lorsqu’il avait été découvert le 7 juin 1995 dans les toilettes du personnel de la maternité du centre hospitalier de Nemours – fermée depuis 1996 -, habillé d’une grenouillère, posé sur un coussin, visiblement bien portant et dormant paisiblement, c’est la fin d’une quête qui aura duré un peu plus d’un an. « C’est un énorme poids que l’on m’enlève », confie le jeune homme, qui habite aujourd’hui dans le Pas-de-Calais et exerce le métier de cuisinier dans un restaurant du Touquet-Paris-Plage.

Test de paternité

S’il n’a annoncé la nouvelle que le mois dernier sur sa page Facebook « Abandonné à l’hôpital de Nemours ? 77 en juin 1995 », dédiée à ses recherches, très partagée et commentée sur le réseau social, c’est mi-mai que celui qui fut adopté à l’âge de cinq mois du côté de Coulommiers, et qui apprit la vérité sur son histoire sept ans plus tard de la bouche de ses parents adoptifs, a vu les choses s’accélérer.

« J’ai été contacté sur Facebook par la femme de mon père biologique, alertée par les articles de presse consacrés mes recherches, et qui m’expliquait qu’il y avait beaucoup de similitudes entre mon histoire et celle de son mari, sans compter de grosses ressemblances physiques, notamment au niveau du visage, raconte Jean-Charles. Je me suis rendu dans le secteur de Nemours pour aller à sa rencontre. Au fil de nos discussions, la concordance de nos deux parcours se fait de plus en plus sentir, et nous arrivons finalement à la conclusion qu’il fallait faire un test de paternité. Quelques semaines plus tard, le résultat tombe : il s’agit bien de mon père biologique ! »

« C’est allé tellement vite »

Aujourd’hui, Joakim*, le père biologique de Jean-Charles, la quarantaine, réside toujours dans le secteur de Nemours. Et commence « à peine à réaliser » sa récente paternité. « C’est allé tellement vite, témoigne-t-il. Et en même temps, cela fait 21 ans que je me posais des questions. J’étais séparé de la mère biologique de Jean-Charles, avec qui ça ne s’était pas très bien passé, lorsque je me suis rendu compte qu’elle était enceinte, même si elle me l’a toujours caché. J’avais déjà eu un fils avec elle, qui avait six mois quand je l’ai quittée, et que je ne voyais que le dimanche après-midi en raison de mon travail de nuit. J’allais le chercher chez sa nourrice, ou bien chez sa tante, ce qui ne me laissait pas vraiment l’occasion d’apercevoir la mère. Un jour, ma nouvelle compagne de l’époque, devenue ma femme et qui travaille dans le milieu hospitalier, a remarqué qu’elle avait le ventre gonflé, environ cinq ou six mois de grossesse. Elle n’arrêtait pas de nier, en expliquant qu’elle faisait de l’aérophagie. Du coup, tous les doutes étaient permis. Était-elle vraiment enceinte ? Si oui, étais-je le père, ou voyait-elle quelqu’un d’autre ? Impossible de répondre. »

[Lire aussi : Abandonné il y a 20 ans dans les toilettes de la maternité, Jean-Charles veut retrouver sa mère biologique]

Et c’est donc en juin 1995, au moment de la découverte d’un bébé de quelques heures à l’hôpital de Nemours, que le couple commence sérieusement à se poser des questions. « Même si nous n’avions aucune preuve tangible, nous étions quasiment certain, avec ma femme, qu’il s’agissait de l’enfant de mon ex-compagne qui avait été abandonné, se remémore Joakim. Nous sommes allés la voir pour la questionner, mais elle a continué à réfuter. Elle a même menacé de porter plainte contre nous pour harcèlement. Nous avons donc décidé de prendre le taureau par les cornes, en allant voir Jean-Charles à l’hôpital pour engager un test de paternité. Mais nous sommes arrivés trop tard. Deux semaines après sa naissance, son adoption était finalisée, impossible alors de faire le test. Nous ne savions pas chez qui ni où il allait. L’affaire semblait classée. »

« 21 ans à rattraper »

Jusqu’à la mi-mai, et cette fameuse première rencontre entre Jean-Charles et Joakim, 21 ans après. « Les traits de son visage, du nez jusqu’aux cheveux, c’est de famille, rigole Joakim. Notamment les yeux, avec de très petites paupières, et les doigts longs et fins. Mes deux enfants que j’ai eus avec ma femme actuelle ont également les mêmes caractéristiques physiques. Mais nous ne voulions pas nous emballer et nous faire de faux espoirs. Du coup, après deux heures où nous avons refait le monde ensemble, l’étape du test de paternité semblait naturelle. Celui-ci a été réalisé par correspondance, auprès d’un laboratoire au Canada qui, début juin, a envoyé ses résultats par mail à Jean-Charles, confirmant que j’étais son père biologique à 99,99 %. C’est une vraie délivrance ! »

Depuis, Jean-Charles et Joakim sont en contact régulier. Joakim et sa femme ont assisté au baptême du petit Aaron et ont passé quelques jours de vacances cet été chez Jean-Charles, dans le Pas-de-Calais. Ils doivent même se voir ce week-end, en Seine-et-Marne. « Nous avons 21 ans à rattraper, mais au moins dix, ce serait bien, sourit Jean-Charles. Savoir que j’ai pu retrouver mon père me procure énormément d’émotions et de joie. Au fur et à mesure de mes recherches, je commençais à perdre espoir, même si j’ai pu sentir beaucoup de soutiens autour de moi pour que je ne lâche rien. Finalement, cest une nouvelle page qui se tourne pour un avenir meilleur, j’en suis certain. »

Va-t-il se mettre désormais en quête de retrouver sa mère biologique, désormais installée dans la région grenobloise ? « On verra plus tard », répond-il simplement. « Nous lui avons raconté toute notre histoire, sans omettre aucun détail sur celle qui l’a mis au monde, ajoute Joakim. Il était un peu déçu de la façon dont elle a agi. Il connaît son prénom. Il est possible de la rechercher. Si un jour, il veut que nous l’aidions à la retrouver, nous le ferons. »

*le prénom a été modifié

Nicolas FILLON
@Nicolas_Fillon


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