Parce que le château est construit sur d’anciens marécages, ses nombreux bassins nécessitent une surveillance régulière pour éviter l’inondation… Une brigade est chargée de leur entretien. Ils sont deux, ce sont les fontainiers du domaine !
Construit sur d’anciens marécages, « les fondations du château reposent sur des sources souterraines à fleur de sol… », explique Jean-Pierre Lallemand, 55 ans, en poste depuis 2002. « C’est une vraie passoire », plaisante-t-il. À ses côtés, son binôme : Richard Sabatin, 47 ans et déjà 25 années passés au sein du palais dont 23 en tant que jardinier. Il connaît le site comme personne, un véritable atout surtout lorsque l’on regarde de plus près la parcelle de terrain qui les concerne… En chiffres, le domaine représente tout de même 84 hectares de parcs et 46 de jardins, 130 hectares en tout, avec trois bassins majeurs ornés de statues, un canal de 1 200m de long, le plus Grand Parterre à la française et son bassin central de 5.600m³ d’eau, un étang, une rivière, truffé de fontaines et autres cascatelles. Rien que ça ! Une surface totale d’étendue d’eau de 11 hectares à laquelle s’ajoute une autre particularité : deux aqueducs souterrains qui traversent la ville, construits sous François 1er et Henri IV. Pour les visiteurs, le paysage est certes idyllique, mais en contrepartie, celui-ci nécessite beaucoup d’entretien, sa face cachée. Boues, algues, vase, du sable, des branchages, sans oublier les détritus abandonnés… « Si l’homme n’intervient pas, ça déborde vite et les jardins sont inondés ! ». Heureusement, deux fontainiers sont en action pour éviter le pire au château. « C’est une profession peu connue et de plus en plus rare », reconnaît Richard. Ils ne sont d’ailleurs plus qu’une vingtaine au sein du ministère de la Culture, répartis sur différents sites…
Que d’eau !
Sur le papier, le nom est poétique : fontainier. Mais en quoi cela consiste-t-il ? « On s’occupe de toutes les fontaines, des bassins et autres canalisations où l’eau passe », avoue Jean-Pierre. Puisque tous les bassins sont reliés entre eux, « pratiquement tous, mais que dans un sens. Ça fonctionne en cascades », précise tout de même Richard, ils nécessitent une surveillance et un entretien quotidien. « Des algues se forment, des boues et du sable obstruent le réseau », il faut donc « nettoyer, curer, désenvaser, désherber le tour des bassins, réviser les vannes, régulariser les niveaux, vérifier les trop-pleins, vidanger et retirer les déchets naturels qui obstruent le passage de l’eau ».
Au château, l’eau est un véritable casse-tête avec lequel il faut donc apprendre à composer. Autre difficulté : « L’étanchéité des bassins est faite par des murs de glaises. C’est d’époque et l’eau s’infiltre partout… ». Vêtus de cuissardes et armés de pelle et de racloirs, ils sont constamment à l’extérieur et vérifient l’état de ce réseau complexe. « Je ne me verrais pas coincé dans un bureau. Travailler à l’extérieur, au contact avec la nature, il y a une forme de liberté enviable. Ce sont des journées de travail que l’on ne voit pas passer », conclut Jean-Pierre.
Et même si leur tâche revient le plus souvent à se battre contre des moulins à vent, ce binôme discret et silencieux est indispensable au château.