Jeudi soir, à l’heure de pointe. Serrés dans des wagons bondés, les usagers ont du mal à prendre leur mal en patience. Christophe, 37 ans, une chemise blanche auréolée sous les bras et de la sueur qui perle sur son front, n’a pas trouvé de place assise. Ce dernier arrivera avec 45 minutes de retard chez lui, encore aujourd’hui. Son train a été retardé. « J’ai l’impression d’être davantage fatigué par les transports que par mon travail, commente-t-il, résigné et pressé « de prendre une douche froide. C’est du temps de perdu avec mes enfants. »
« Les oubliés du Grand Paris Express »
Et Christophe est loin d’être le seul à se plaindre. « RER, ça ne veut pas dire Réseau Express Régional ? », ironise un usager exaspéré, sur les réseaux sociaux.
Pour les membres de SOS Usagers, la situation ne peut plus durer.
Ils ont la sensation d’être les « oubliés du Grand Paris Express », ce « projet pharaonique à 30 milliards d’euros, trop ruineux et peu utile » qui ne profitera pas aux usagers de la Grande Couronne habitant le Sud de la Seine-et-Marne. « Nous sommes considérés comme la dernière des priorités, s’insurge Jean-Claude Delarue, le président. On ne compte plus les pannes techniques dues à un matériel vétuste, les ralentissements à cause de la chaleur. La Région Île-de-France est clairement plus sensible aux exigences des lobbies qu’aux besoins des usagers, qui sont pourtant de plus en plus nombreux. »
Malaises et bagarres dans le train
Alors, à 76 ans, Jean-Claude Delarue, en colère, continue de mobiliser les voyageurs mécontents de la ligne D. Ce Méen vient de lancer l’opération « thermo-RER ». L’idée ? Il monte dans les rames, équipé de son thermomètre et relève les températures. Des températures bien trop élevées à son goût. La graduation a, en effet, grimpé jusqu’à 32 degrés, la semaine dernière.
Résultat : des malaises à répétition parmi les voyageurs et des esprits qui s’échauffent, pour en arriver parfois même aux mains. Jean-Claude Delarue réclame que les rames du RER D soient, comme certains wagons franciliens, équipées de la climatisation.
Mais, selon lui, c’est clair : « On ne peut pas à la fois réparer le réseau et réaliser le Grand Paris Express. » Pour le président, la Région doit se concentrer sur l’amélioration du réseau déjà existant.
« Promesses électorales »
Pourtant, lors de sa visite en gare de Lieusaint-Moissy, le 24 juin dernier, Manuel Valls avait annoncé des améliorations des conditions de transport d’ici à 2018. Mais pas de quoi satisfaire Jean-Claude Delarue qui distribue des tracts invitant à la mobilisation générale. « Les promesses datent de 2010 et on ne voit toujours rien venir, s’impatiente-t-il.
Le Premier ministre revient à la charge à quelques mois des élections présidentielles. Nous ne sommes pas dupes. La colère est palpable dans le département. »
Distribution de bouteilles d’eau
De son côté, la SNCF précise que, au moment des pics de chaleur, des agents distribuent des bouteilles d’eau dans plusieurs gares, notamment à Melun. La mise en place de la climatisation n’est, pour l’heure, pas prévue au programme des rénovations. « L’installation d’une climatisation impliquerait la suppression de places », explique-t-on. Bref, le serpent qui se mord la queue.
Vanessa RELOUZAT