Si, en mars dernier, la vente par la Maison Osenat à Fontainebleau de la plus grande collection privée du Second Empire appartenant au milliardaire américain Christopher Forbes avait déjà fait couler beaucoup d’encres, celle qui a eu lieu dimanche 10 juillet aura eu encore plus d’échos ! Dans la presse internationale, on ne parlait que de ça : les enchères pour ce dessin au fusain de Degas spolié pendant la Seconde Guerre mondiale et restitué à ses propriétaires le 9 mai dernier, par Audrey Azoulay, ministre de la Culture et de la Communication, ont intéressé le monde entier.
« La résonance de cette vente est inimaginable, plus encore que pour le chapeau de Napoléon 1er, s’étonne Jean-Pierre Osenat, commissaire-priseur. Est-ce le dessin en lui-même ou sa forte symbolique… ? Avec ce Degas, c’est une partie de l’Histoire que s’est offerte son nouveau propriétaire. »
« Une oeuvre majeure de l’artiste »
Ce fameux dimanche 10 juillet à 14 h 30, la salle de vente était pleine à craquer. Au premier rang, Vivian Dreyfus et sa famille qui ont récupéré cette oeuvre sans en avoir fait la demande, une première en France, ont assisté aux enchères. Une vente qui se fait par le biais d’internet notamment, un duel à trois pour une enchère démarrée à 280 000 €. Le dessin au fusain sur calque doublé (65 x 56 cm), les « Trois danseuses en buste » d’Edgar Degas (1834-1917), « un dessin très grand et impressionnant, une oeuvre majeure de l’artiste, un véritable tableau », ajoute Jean-Pierre Osenat, sera finalement adjugé 370 000 €, soit 462 500 € avec les frais, à un collectionneur privé italien par Candice Osenat, commissaire de la vente.
Une très belle vente au final, mais avec toute de même une petite déception. « C’est un très bon prix, même si je suis déçu que cela ne soit pas le Musée d’Orsay qui en a fait l’acquisition, regrette-t-il. Il y avait sa place. »
« Une rencontre humaine »
L’histoire de cette vente est aussi étonnante que celle de l’oeuvre, comme le raconte Jean-Pierre Osenat. « Une personne qui travaille dans nos bureaux parisiens, avenue de Breteuil, en allant chercher ses enfants à l’école, s’est mise à discuter par hasard avec une autre mère dont la tante allait vendre un Degas chez Christie’s… » C’est le point de départ.
« Après l’avoir rencontré, nous avons dû convaincre Viviane Dreyfus de nous confier ce dessin qui a tenu bon face à Christie’s, habituée à ce genre de ventes », poursuit-il. Une enchère que le commissaire-priseur n’est donc pas prêt d’oublier même s’il ne fut pas si difficile que ça d’argumenter en sa faveur. La Maison Osenat, dans le monde de l’art, y est effectivement de plus en plus cotée. Et de conclure sur cette note positive : « Derrière chaque objet confié, il y a une rencontre humaine. Celle-ci fut particulièrement enrichissante ! »