Les faits relèvent presque du braquage. Un père de famille du Mée-sur-Seine, âgé de 26 ans, a été jugé jeudi 30 juin au tribunal correctionnel pour avoir extorqué des téléphones portables dans deux magasins de téléphonie à Melun et à Fontainebleau, en 2015. Agissant sous la menace d’une arme, il a déjà été condamné pour un autre fait identique commis dans la boutique bellifontaine de la rue des Sablons, le 13 novembre de la même année. Il avait alors volé 51 téléphones pour un montant de 33 300 €.
Armes
L’individu agissait soit avec une bombe lacrymogène soit avec une arme de type mitraillette destinée au paint-ball. « C’était une arme de couleur noire avec un long canon », se souvient l’une des victimes attaquées.
Le premier fait de la série de vols date du 18 février, à la boutique SFR de Melun, située rue René-Pouteau. À 9 h 36, peu après l’ouverture, le malfaiteur de type africain avait fait irruption dans le magasin, le visage dissimulé et la tête recouverte d’une capuche. Il portait des gants et un sac de sport en bandoulière : « Tout le monde à terre ! avait-il crié. La réserve, la réserve ! A terre, sinon je vous mets une balle ! »
Il était reparti quelques minutes plus tard avec des 17 iPhones et Sasmung Galaxy, d’un montant total de 11 634 €.
Deux jours plus tard, vers 17 h 25, le Méen se présentait au magasin 5 sur 5 de Fontainebleau, rue Grande, et agissait selon le même mode opératoire. Il dérobait alors des appareils de marque Apple.
Puis le 12 juin, muni d’un cabas de course, il retournait à l’enseigne SFR de Melun où il volait à nouveau six téléphones. « Il dirigeait l’arme vers le haut de mon corps puis vers celui du responsable », a rapporté une salariée aux policiers.
Reventes
Les appareils étaient ensuite revendus en France ou à l’étranger, via Facebook et Le boncoin, avec une fausse carte d’identité comme attestation. Le voleur avait aussi écoulé des téléphones auprès des trafiquants du quartier chinois de Paris…
« C’était bien organisé », a souligné la présidente du tribunal. A l’audience, le prévenu a indiqué qu’il avait commis les attaques pour rembourser 4 200 €, empruntés pour l’achat d’une Renault Scenic. « Les téléphones, c’était pour annuler ma dette, a-t-il déclaré. Après, ça a été l’engrenage. J’ai clairement déconné ».
« Il aime bien l’argent », avait souligné sa compagne au cours de l’enquête, cette dernière révélant que le Méen s’était payé un voyage aux sports d’hiver à Megève…
Prison
Titulaire d’un bac pro et fort d’une expérience en tant que conseiller commercial chez Free, le délinquant a déjà été condamné à quatre reprises pour vols. « Quel gâchis, a relevé la procureure, qui a requis 30 mois de prison. Le prévenu a utilisé son expérience dans le métier de la téléphonie pour commettre des vols avec arme qui font peur, d’où l’impossibilité pour les victimes de venir à la barre… »
De son côté, l’avocate de la défense a estimé qu’il était « incohérent que ce dossier soit jugé à plusieurs reprises, après une première condamnation à Fontainebleau. Elle a demandé une semi-liberté pour son client, en plaidant que « les faits étaient concentrés sur 2015, et qu’il n’y a pas eu de violences physiques ni d’armes de poing, donc pas de danger réel ».
Les juges n’ont pas accédé à sa demande et ont condamné le prévenu à 3 ans de prison, avec maintien en détention, et sans aménagement de peine. Ils ont cependant prononcé la confusion totale des peines, ce qui allège la sanction de 9 mois.
Agnès GAUDICHON-BRAÏK