Non, il ne s’estime toujours pas être un « héros oublié ». Au contraire, Didi continue de marteler que, les héros du Bataclan, ce sont les victimes et leurs familles. Pourtant, Bernard Cazeneuve, dans un discours à donner la chair de poule, a souhaité rendre hommage à celui sans qui, le bilan de la tuerie du 13 novembre, aurait atteint bien plus que 130 morts, dont 90 au Bataclan.
Médaille d’or de la sécurité intérieure
« Didi, vous restez humble mais, de part de la gravité des événements, vous faites désormais partie de l’Histoire de France ! », a annoncé le ministre de l’Intérieur, place Beauvau, jeudi soir, devant des rescapés, des forces de l’ordre et la famille de Didi.
À 35 ans, le Combs-la-Villais est donc officiellement devenu citoyen français. Né en Algérie et débarqué en France à l’âge de 6 mois, il s’est également vu remettre la médaille d’or de la sécurité intérieure. Une reconnaissance qui « fait chaud au cœur » a-t-il commenté, toujours aussi discret, à la fois flatté et embarrassé, coincé au milieu des micros et des caméras de la presse nationale.
« J’ai été heureux de revoir des rescapés qui sont venus me rendre hommage. » Et de poursuivre : « La cérémonie s’est déroulée « à la cool » autour de ma famille et de mes amis les plus proches. Avec Bernard Cazeneuve, on s’est embrassés. C’était très émouvant. »
« Le pire et le meilleur de l’humain »
Retour sur le drame. Le 13 novembre 2015, Didi travaille à la sécurité du Bataclan et n’hésite pas à rentrer à plusieurs reprises dans la salle pour mettre les spectateurs à l’abri alors que les terroristes se sont mis à tirer dans la foule. « J’ai fait preuve de sans froid, admet-il. Mais finalement, je suis en vie. »
Un geste qui avait naturellement suscité une vague d’émotion dans l’opinion publique. Près de 105 000 personnes avaient alors signé une pétition réclamant la naturalisation et la Légion d’honneur pour ce « héros oublié ».
« J’avais commencé à remplir un dossier de demande de nationalité française, trois mois seulement, avant les attentats, raconte Didi. Je venais de me marier. Je n’avais pas fait la démarche avant, pour des raisons de lourdeurs administratives. Et parce que, selon moi, être Français, c’est surtout une question d’état d’esprit, plus que de papier. »
Et, Amandine, une rescapée en fauteuil roulant, de témoigner à nos confrères de Sud Ouest : « Ce soir-là, j’ai vu le pire et le meilleur de l’humain. Aujourd’hui, c’est un moment heureux, c’est bien de parler des héros et pas seulement des bourreaux ».
Dans l’assistance un autre héros, Hermann, jeune Moisséen, lui aussi vigile au Bataclan ce soir-là. La maire de la commune, Line Magne (PS), a fait une demande pour que ce dernier reçoive la Légion d’honneur.
Reste maintenant à tourner la page. Pas si simple. En arrêt depuis le 13 novembre, Didi souhaite se consacrer à sa fille, née récemment. « Je pense souvent à tout ce qu’il s’est passé. Et ça se mélange dans ma tête. » Et de conclure, ému : « Ma mère est fière de moi. Mon père, disparu il y a quelques années, aurait été fier aussi. Moi aussi, je suis fier d’eux. Ce sont eux qui ont fait l’homme que je suis aujourd’hui. »
Vanessa RELOUZAT