Quel bilan tirer de l’exercice Sequana, en mars dernier ? La préfecture de police de Paris avait organisé, un exercice de simulation de crue centennale de la Seine auquel les communes de Melun et Montereau-Fault-Yonne avaient participé, coordonné par la préfecture de Seine-et-Marne.
Un exercice qui a rapidement viré à la réalité lors des inondations qui ont dernièrement touché le département.
Scénario
Selon Ségolène Royal, la ministre de l’Environnement, cette simulation a « permis d’améliorer la coordination des services de l’État et des collectivités locales. » Toutefois, la simulation Sequana – du nom de la divinité de la Seine – envisageait seulement une montée de la Seine. Or, si la Seine a largement dépassé sa cote d’alerte (niveau maximum relevé à Melun à 5,59 m), les inondations sont également venues de cours d’eau qui n’avaient pas été intégrés à l’exercice, comme l’Almont à Melun ou encore le Loing dans le sud du département.
« Ce n’était pas le même scénario, concède Jean-Michel Maligne, chef du service interministériel de défense et de protection civile. Mais Sequana a permis de faire un état des lieux des forces en présence et mieux se préparer. » Et sa collègue Véronique Corbeaux-Béchet de compléter : « Sequana a été précieux pour assurer la coordination des services et anticiper une situation d’urgence. »
Au niveau départemental, le centre opérationnel a d’ailleurs été activé pendant la crise. « Les évaluations cartographiques des crues réalisées lors de Sequana ont été très utiles », poursuivent-ils.
Un nouvel exercice ?
À la suite des inondations, la ministre de l’Environnement a par ailleurs annoncé la tenue d’un nouvel exercice de simulation d’une crue majeure, avec un scénario « à hauteur de celle de 1910 ». Si la Seine n’a pas dépassé ce record historique, il a toutefois été atteint dans de nombreux affluents, à l’instar du Loing.
« Nous tirerons les conséquences », de cette crue avait indiqué Ségolène Royal la semaine passée. « Nous tirerons des enseignements sur les affluents de la Seine, avec leurs mécanismes imprévus, dans leur intensité et leur violence. » Selon la préfecture, la date de ce nouvel exercice n’a toutefois pas encore été entérinée.
- A Melun
« Nous avons rapidement mis en place notre plan communal de sauvegarde mais nous attendions une crue de la Seine et pas de l’Almont », indique Louis Vogel, le maire de Melun. « La mobilisation de nos services pour Sequana en mars dernier a donc été utile pour la méthodologie avec l’organisation en cellules de crises mais il a fallu s’adapter. »
Dans la ville préfecture des équipes mixtes d’élus et d’agents municipaux sont allés à la rencontre des riverains pour procéder aux évacuations des zones à risques, qui avaient été identifiées notamment lors de Sequana. « Il y a eu une grande mobilisation des personnels pour répondre à cet événement exceptionnel », poursuit le maire, saluant « l’investissement de tous les services. »
La Ville avait également participé à une simulation d’après-crue pour évaluer les impacts d’une inondation et les moyens à mettre en place pour un « retour à la normal ». Lors des inondations, les services se sont organisés en pôles afin d’adapter l’aide aux Melunais sinistrés.
- À Montereau-Fault-Yonne
Dans la commune où se rejoignent l’Yonne et la Seine, une simulation d’évacuation de l’hôpital avait été réalisée lors de Sequana mais si la ville a été impactée par la crue, le scénario est resté au rang de fiction. « Les services de la ville se préparent à l’éventualité d’une crue depuis plusieurs années et nous avons su démontrer, je crois, que nous étions aptes à y faire face », indique Yves Jégo, le maire de Montereau-Fault-Yonne.
Une analyse des derniers événements doit toutefois être réalisée « pour améliorer encore les choses et sensibiliser davantage les particuliers des zones à risques. » Le député seine-et-marnais (UDI) a par ailleurs proposé la création d’une mission d’enquête parlementaire : « Au-delà de Sequana, la vraie question est de savoir pourquoi le défaut d’entretien du canal de Briare a entraîné une vague de submersion sur le Loing ? », pointe-t-il, arguant d’un « droit à la transparence et à la recherche des responsabilités » pour les sinistrés.