Pendant près de trois heures, Emmanuel Macron, le ministre de l’Économie, aura fait le tour du centre-ville de Souppes-sur-Loing à la rencontre des commerçants, artisans – mais aussi habitants – sinistrés lors des inondations qui ont sévèrement impacté la commune dans la nuit du 31 mai au 1er juin.
Constater et rassurer
« Nous avons eu 80 cm d’eau dans les réserves et beaucoup de fioul dans les locaux, explique Laurent, gérant de la pharmacie rue de la République depuis huit ans, le premier à recevoir la visite du ministre, venu avec le maire (DVG) Pierre Babut pour constater les dégâts, et surtout rassurer. Nous n’avons pas eu d’électricité pendant quelques jours, mais nous avons réussi, avec un groupe électrogène qui nous a été prêté, à reprendre notre activité le 4 juin. Notre déclaration a été faite auprès des assurances, mais nous ne savons pas encore quand passera l’expert. Niveau trésorerie, ça va être compliqué. »
Un peu plus loin, Stéphane, qui tient la pizzeria Le Tempo, semble quelque peu désemparé. « J’avais l’eau jusqu’aux hanches, témoigne-t-il auprès du ministre. Il y a énormément à nettoyer. On se sent un peu seuls. Le plus dur pour nous, c’est de savoir quand nous allons rouvrir. J’ai quatre employés au chômage partiel, et presque 20 000 € de matériel à racheter. On repart à zéro, mais en pire, puisque nous n’avons plus rien. »
Réactivité
« Un numéro unique, le 01 64 41 28 57, a été mis en place au niveau du département, indique à chacun Emmanuel Macron. Vous pouvez y expliquer votre situation, et négocier des délais et des rééchelonnements au niveau des échéances fiscales et sociales. Avec le Premier ministre, nous avons également mobilisé les assurances pour que leur réactivité soit extrêmement forte dans le cadre des dispositions liées à l’état de catastrophe naturelle. »
Mais ça n’est pas tout. « La Banque Publique d’Investissement viendra en garantie des banques sur les situations les plus critiques, et va réactiver le dispositif de préfinancement du Crédit Impôt Compétitivité Emploi, très important en termes de trésorerie pour les PME et TPME, annonce également le ministre de l’Économie. Nous avons aussi acté un mécanisme d’aide au redémarrage de ces dernières, indépendamment des indemnisations des assureurs. »
Situations compliquées
Beaucoup d’enseignes sulpiciennes attendent que ces annonces soient rapidement suivies des faits. C’est le cas des bouchers ou encore de la librairie, dont les assurances ont demandé que leurs magasins restent en l’état avant l’arrivée de l’expert, seulement prévue cette semaine. Une position difficile à tenir pour La Taverne Berbère, place de la République, dévastée par la crue avec l’eau qui est montée jusqu’à 1,50 m. « Il ne nous reste plus rien, ni matériel ni denrées alimentaires, soupirent Baya et Farid, les patrons du restaurant. D’autant plus que l’eau remonte à cause de la nappe phréatique. On a beau nettoyer, ça ne sert pas à grand-chose. »
Des situations très compliquées donc, mais aussi parfois saugrenues, comme celle vécue par Xavier, le gérant de l’auto-école CER. « L’expert qui est venu me voir a proposé de faire des travaux uniquement sur la partie du mur qui a été immergée, raconte-t-il. En gros, il va falloir casser et couper la cloison à environ 90 cm de hauteur à partir du sol pour la changer, et le reste du placo ne sera pas rénové. Je n’en veux pas à mon assurance, mais au système en général. J’espère que mon cas, comme celui de pas mal de mes voisins, sera bien pris en charge. »
