Depuis plusieurs jours, l’information est dans tous les halls d’entrée du centre commercial du Val d’Europe de Serris : tous les dimanches, ce dernier sera ouvert de 10 heures à 20 heures. Les commerçants, eux, le savent depuis déjà plusieurs semaines. Le centre commercial situé à quelques minutes à peine de Disneyland Paris a en effet été désigné zone touristique internationale, périmètre établi par la récente loi Macron qui attire un grand nombre de touristes internationaux. La loi Macron prévoit dans ces zones d’autoriser les commerces de détail de pouvoir déroger au repos dominical des salariés. Elles sont au nombre de douze en France, et la zone commerciale de Serris en fait donc partie.
« Gagnant-gagnant »
Cela permettra au centre, qui accueille près de 16 millions de visiteurs chaque année, de s’aligner sur la Vallée Village, centre commercial de luxe situé juste à côté. Depuis plusieurs semaines, les enseignes présentes à Val d’Europe travaillent à une nouvelle organisation et des recrutements pour pouvoir lancer l’ouverture dominicale. Ce changement majeur, qui intervient 16 ans après la création de cette zone commerciale de grande ampleur, est perçu sensiblement différemment chez les commerçants. « C’est gagnant-gagnant, souligne ainsi un responsable d’une boutique de vêtements. Cela ramène du monde au centre commercial, dans les enseignes, parfois des gens qui ne seraient pas venus à un autre moment de la semaine. Et les magasins embauchent pour cela et les salariés sont payés plus le dimanche ».
D’autres sont en revanche beaucoup plus réservés… « Je ne suis pas persuadé que cela fera venir tant de monde que ça… Et je n’ai personnellement pas envie de passer mes dimanches au travail », déplore un employé d’une enseigne présente à Serris. En mai dernier, une manifestation réunissant plusieurs centaines de personnes avait lieu au Val d’Europe pour protester contre l’ouverture le dimanche.
« Un jour à passer en famille »
Chez les clients là aussi, les avis sont très partagés. « Du moment que c’est sur la base du volontariat, pourquoi pas, estime ainsi Anne. Pour moi et mon mari, c’est très compliqué de faire les magasins ensemble étant donné que nous n’avons que le dimanche. Donc nous allons pouvoir faire les magasins ensemble ».
« Arrêtons de scandaliser ce phénomène, s’emporte Marylin. Je travaille moi-même le dimanche et mon patron m’a accompagné dans cette décision. À partir du moment où toutes les parties sont consentantes, ce n’est pas la mort ! ». Gaëlle : « Je suis pour la base du volontariat et du travail étudiant. Les hôpitaux, les transports, les restaurants, etc., sont ouverts tous les jours et cela ne choque personne ».
« C’est très bien pour les clients, beaucoup moins pour les employés, remarque Typhanie. C’est du volontariat forcé et les salariés n’auront pas de primes supplémentaires… Ils deviendront justes plus esclaves des patrons et des clients ». Enfin, Christine, employée dans le centre, témoigne : « Je travaille au Val d’Europe et je ne travaillerai pas le dimanche pourquoi ? Tout simplement pour éviter de perdre mes droits à la CAF et aux impôts j’ai bientôt 51 ans et pour moi le dimanche c’est un jour à passer en famille ou avec les amis où se détendre enfin de la fin de semaine. C’est vrai que c’est une zone touristique désormais ce n’est pas pour cela que le chiffre d’affaire des magasins où de l’hypermarché va être plus important. Le tourisme est très important à Val d’Europe ce sera un bien pour les étrangers qui veulent sortir un peu du parc ».
Le centre commercial du Val d’Europe est composé de 160 boutiques. Depuis quelques semaines, il est dirigé par un nouveau directeur, Yazid Benbia, qui était auparavant directeur du centre Océane, à Gonfreville-l’Orcher (Seine-Maritime), puis Le Millénaire à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis). « Il a finalisé les ouvertures dominicales prévues pour juin 2016 et continue de mener l’important programme d’extension-rénovation du centre. Un projet majeur qui se traduit par une extension grandiose avec 17 000 m2 supplémentaires et l’ouverture prévisionnelle d’une vingtaine de nouvelles boutiques en avril 2017 », précise un communiqué du groupe Klépierre, qui possède le centre. Contacté par notre rédaction, le directeur n’a pu être joint au moment où nous écrivions ces lignes.
David LEDUC