À n’en pas douter, si Paul Pogba est devenu ce qu’il est aujourd’hui, c’est un peu grâce à un club de Brie : celui de l’US Roissy-en-Brie, là où tout a commencé pour le milieu de terrain de l’équipe de France. Remontons il y a quelques années en arrière : Paul Pogba a 6 ans. Fils de footballeur, il intègre le club de sa ville, Roissy-en-Brie, dès le plus jeune âge comme l’ont fait également ses frères aînés Florentin (aujourd’hui footballeur à l’AS Saint-Etienne) et Mathias (qui évolue en Écosse, au Partick Thistle). L’actuel président de l’US Roissy, Sambou Tati, est l’un de ceux qui l’a vu grandir : « J’ai été le dernier à l’entraîner au sein du club, quand il avait 13 ans. Mais cela faisait déjà plusieurs années que l’on savait qu’il pourrait faire quelque chose. Dès l’âge de 10, il était au-dessus des autres ». Au point que le jeune Paul Pogba joue surclassé, en U15, sans difficultés.
« Il avait le mental »
Sambou Tati décrit un jeune garçon comme les autres, « qui aimait rire, qui n’était pas compliqué et qui était à l’écoute ». Mais surtout, un jeune qui se donnait les moyens de sa réussite : « Il avait déjà cette volonté de travailler. Si Paul a réussi à évoluer à ce niveau, c’est grâce à son mental. Il l’a et l’a toujours eu. Il a toujours cherché la gagne et c’est ce qui l’anime encore aujourd’hui ».
L’arme de son entraîneur de l’époque pour le faire avancer ? Cette motivation et l’exigence qu’il avait vis-à-vis de lui-même : « La plupart de ses coachs disent encore aujourd’hui la même chose. Il fallait parfois le piquer pour le faire avancer. Je me souviens de lui avoir dit à la mi-temps de certains matchs qu’il était nul. Ca ne lui plaisait pas, mais ce n’était plus le même à la deuxième période ».
Une carrière fulgurante
À l’US Roissy, tous sont alors conscients du potentiel du plus jeune des frères Pogba. « Il était suivi par le HAC, il est parti faire quelques stages en U15… À l’époque, nous étions en PH. Je savais qu’il avait la possibilité d’aller au-dessus. C’est à ce moment-là qu’il est parti à Torcy. Certains m’en ont voulu au club de le laisser partir, mais si c’était une perte pour nous, pour lui, c’était autre chose ».
La suite est connue : Paul Pogba intégrera le centre de formation du Havre, puis Manchester United, avant de rejoindre la Juventus de Turin. Et bien sûr, une carrière fulgurante au sein de l’équipe de France : sélectionné dans chaque catégorie d’âge depuis son adolescence (il gagnera d’ailleurs le championnat du monde 2013 des moins de 20 ans, en tant que capitaine de l’équipe de France), il compte aujourd’hui 31 sélections dans l’équipe fanion, où il a inscrit 5 buts. Cet Euro, en France, sera sa deuxième grande compétition internationale après la Coupe du Monde au Brésil en 2014 : « Elle aura sûrement pour lui une saveur particulière, mais je sais qu’il se prépare comme pour tous ces autres matchs », confie Sambou Tati.
Un lien indéfectible
À Roissy-en-Brie, on regardera avec attention les performances du joueur de la maison, véritable référence des quelque 550 licenciés, et notamment des plus jeunes. « Paul, c’est la vitrine du club, l’icône. Les jeunes ont la chance de voir régulièrement Florentin et Mathias quand ils reviennent de leur club. Mais s’ils voyaient Paul… Ce serait un raz de marée ! (rires) ». Sambou Tati se souvient du retour de l’enfant prodige dans la ville de Seine-et-Marne après la dernière Coupe du Monde : « On a su qu’il y aurait une cérémonie à la mairie à 16 heures quelques heures plus tôt seulement. Quand on est arrivé, c’était noir de monde ! ».
Le lien entre Pogba et Roissy-en-Brie est indéfectible, la deuxième demeurera toujours comme le point de départ du premier. En 2014, le joueur de la Juve rendait d’ailleurs hommage à sa ville après un but contre la Sampdoria, en arborant un T-shirt RLS City Boys. Référence au quartier de la Renardière dans lequel il a grandi…
Et le talent de « Pogboum » (le surnom que lui donnent les supporters italiens) devrait faire en sorte que l’on sache placer Roissy-en-Brie sur une carte… Au niveau international, comme l’évoque Sambou Tati : « J’ai reçu des mails de journalistes d’Indonésie et de Norvège… On va connaître Roissy (rires) ».
David LEDUC