La République de Seine-et-Marne : Comment peut-on parvenir à de telles inondations ?
Bénédicte Monville de Cecco : La principale cause, c’est l’aménagement humain du territoire. L’urbanisation excessive et le déboisement sont des facteurs aggravants. Les racines des arbres permettent à l’eau de s’infiltrer dans le sol. Autre facteur aggravant : on a voulu orienter les cours d’eau en fonction des besoins industriels. Avec la construction des barrages, on dévie les fleuves. Ce qui a amené à bétonner les berges. Or, les lits des fleuves jouent un rôle de tapis rugueux sur lequel l’eau ne peut pas glisser. La mégalomanie des êtres humains qui s’appuie sur la vision archaïque du progrès nous amène à ces situations. On est convaincu que la technique nous permet de dominer la nature. La démonstration est faite que face à la nature, on n’est rien. On ne domine rien. On est démunis lorsque les éléments se déchaînent.
Est-ce que, selon vous, cette catastrophe naturelle doit relancer le débat de certains projets immobiliers ?
Très clairement. La spéculation immobilière a rendu constructible des zones inondables. On voit bien que certaines zones sont fragiles, comme la place Praslin, à Melun, située à proximité de la Seine et constituée de couches de sédiments successives. Proposer un immeuble à cet endroit, ce n’est pas responsable. Ca relance aussi l’urbanisation de la colline de l’hôpital public. Ce terrain est boisé. Si ce parc avait été rasé, l’eau aurait sans doute dévalé les pentes.
Qui est responsable, selon vous ?
Les maires qui autorisent la construction d’habitations en zone inondables portent une lourde responsabilité. Les élus ont pour mission de faire attention à leurs administrés. Les entrepreneurs qui spéculent en mettant les citoyens en danger sont aussi responsables.
Que faudrait-il faire maintenant ?
Il faudrait faire plus attention à notre mode d’aménagement du territoire. Il n’est pas trop tard. Il faudrait immédiatement suspendre tous les projets qui ont un impact négatif sur le dérèglement climatique et qui exposent les populations à des conséquences dramatiques. Il faudrait absolument arrêter le déboisement, les spéculations immobilières et stopper l ’agriculture industrielle qui fait monter les températures.