Après les raffineries, les centrales nucléaires. Les salariés de la centrale nucléaire de Nogent-sur-Seine (Aube), réunis en assemblée générale mardi 24 mai, ont voté la grève et l’arrêt de la production d’électricité.
La grève débutera dès 22 heures ce mercredi soir. Une mobilisation qui reste encore floue “Tout sera en fonction du nombre de gréviste. Nous n’avons pas prévu d’arrêt total mais une baisse de charge. Après tout dépendra du suivi qu’il y aura sur les autres sites de production”, explique le secrétaire général du syndicat CGT-Energie de l’Aube, Arnaud Pacot. Le rassemblement étant prévu à l’entrée de la centrale pour jeudi à 7 heures avec notamment un barrage filtrant. Les décisions des équipes transports et distributions appuieront ou pas le mouvement. “Notre volonté est de ne pas impacter les usagers qui le sont déjà assez avec la pénurie de pétrole”, précise le responsable syndical qui insiste “Nous voulons créer un rapport de force durable avec le gouvernement pour obtenir le retrait de la loi travail”.
Alors que le réacteur numéro 1 du site de Nogent-sur-Seine est déjà à l’arrêt pour un problème technique, le réacteur numéro 2 devrait subir une baisse de charge progressive. Concernant le mouvement de grève, une assemblée générale se tiendra toutes les 24 heures pour sa reconduction ou pas. “Nous sommes dans un secteur très sensible. Il faut une cohérence avec l’ensemble des syndicats du secteur”, argumente Arnaud Pacot.
Un mouvement qui a surpris certains employés non syndiqués de la centrale. “Il n’y a eu aucune communication”, nous explique l’un d’entre eux qui ne pensait pas découvrir cette situation à son réveil. “Hier, lorsque j’ai quitté la centrale je ne m’attendais pas à ça. A l’intérieur, on est au courant de rien si ce n’est pour la grève prévu ce jeudi”.
Concernant la direction de la centrale nucléaire, l’incertitude pré-domine comme nous l’explique le service communication : “Nous avons été informé du mouvement des organisations syndicales pour jeudi. On ne connait pas l’ampleur de la baisse de production que cela va produire mais il n’y aura pas d’arrêt car on doit pouvoir alimenter le réseau. On en saura plus demain matin. On pourra voir l’ampleur de la grève.”
La carte en temps réel des stations-service en rupture de stock
Lorsqu’elles fonctionnent normalement, les deux tranches nucléaires de la centrale produisent 2 600 mégawatts, précise le syndicaliste. Les grévistes veulent faire tomber la production à zéro. La procédure de relance des réacteurs dure entre 3 et 5 jours, selon Arnaud Pacot. Les précédentes journées de grève contre le projet de loi El Khomri se sont déjà traduites par des baisses de charges cumulées de 10 000 à 13 000 mégawatts dans les centrales nucléaires françaises, avance le dirigeant syndical.
L’arrêt de la production dans cette centrale ne suffirait pas à plonger la France dans le noir, indique Métronews, puisqu’elle produit en moyenne 18 MWh par an, soit un peu plus 4% de la consommation française d’électricité, selon EDF.
Mais quid si le mouvement s’étend ? Au niveau national, la CGT-Energie a appelé à un mouvement d’action « le plus fort possible » jeudi, notamment dans les centrales nucléaires, pour protester contre la loi travail et la dégradation de la filière, n’excluant pas « des baisses de charges » électriques. La centrale de Nogent-sur-Seine emploie 750 salariés EDF auxquels il faut ajouter 250 employés extérieurs. Un tiers serait syndiqué.