La France est sous pression. Elle s’apprête à accueillir près de 2,5 millions de spectateurs dans les dix stades retenus pour l’Euro et 7 millions dans les fan-zones situées à proximité.Depuis les attentats du 13 novembre qui ont fait 130 morts dans Paris et aux abords du Stade de France durant le match amical France-Allemagne et depuis les attentats en Belgique, l’État français et les organisateurs de l’Euro 2016 ont lancé un dispositif sans précédent. D’ailleurs, Patrick Kanner, ministre des Sports, lors des questions au gouvernement à l’Assemblée nationale le 27 avril dernier, annonçait que le budget initial pour la sécurisation des fan-zones allait être doublé pour atteindre les 24 millions d’euros. Un accord global aurait été trouvé entre les dix villes hôtes, l’État et l’UEFA pour « financer le surcoût », a-t-il ajouté.
Des ajustements à prévoir rapidement
De plus, l’organisation de la finale de la Coupe de France, organisée samedi 21 mai au Stade de France, devait avoir valeur de test grandeur nature en vue de l’Euro. Mais malheureusement, les attentes n’ont pas été à la hauteur… De nombreux dysfonctionnements ont été relevés au lendemain du match, permettant à des supporters d’entrer dans l’enceinte du stade avec des fumigènes, de mettre le feu à des sièges en tribune, d’entrer avec des bouteilles de verre… Juste avant le match, de nombreux spectateurs avaient même été pris dans des mouvements de foule, mouvements créés selon plusieurs témoins par le manque de signalétique, plusieurs accès ayant été fermés pour canaliser l’entrée des spectateurs.
Lundi 23 mai, sur convocation du ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve, les représentants de la Fédération française de football (FFF), organisatrice de la finale de la Coupe de France, et ceux d’Euro 2016 SAS participaient, place Beauvau, à une réunion dont l’objectif était de faire le point sur les dispositifs de sécurité mis en œuvre pour le match de finale de la Coupe de France. Après avoir rappelé à chacun ses obligations, Bernard Cazeneuve a indiqué qu’il avait été décidé de corriger sans tarder les dysfonctionnements constatés afin de garantir la fluidité de l’entrée des supporters dans les enceintes sportives, de fiabiliser les contrôles de sécurité par les sociétés de sécurité privées et de sécuriser les sorties de match. Des mesures visant les mêmes objectifs auront vocation à s’appliquer également aux fans zones. L’ensemble de ces mesures, dont les protocoles de mise en œuvre sont en cours de finalisation, restaient encore à préciser à moins de trois semaines du match d’ouverture de l’Euro.
Une fan-zone, c’est quoi ?
Au-delà de la sécurité autour des stades, les fan-zones sont une autre source d’inquiétude. Pour la première fois, l’UEFA a en effet désigné des lieux officiels dans les dix villes hôtes pour qu’y soient retransmis, gratuitement, tous les matches de l’Euro. Ces lieux, à l’ambiance festive, doivent proposer d’autres activités et animations liées au foot en plus des retransmissions. Ils constituent, pour l’UEFA, « une extension de l’événement ».En fonction des villes, les fan-zones devraient accueillir entre 10 000 et 100 000 supporters, d’où l’inquiétude des pouvoirs publics. Bernard Cazeneuve a réclamé un dispositif sécuritaire drastique : un espace clos et délimité, des palpations systématiques à l’entrée, l’installation de vidéosurveillance, la détection éventuelle d’objets métalliques, l’interdiction de tout bagage à l’intérieur de la zone et le recours aux services de déminage.
Des milliers de personnels mobilisés
Seulement, si les moyens financiers ont été largement réévalués à la hausse, les moyens humains semblent plus compliqués à trouver. L’État, en effet, dans une notice interministérielle, indique clairement que c’est à l’organisateur « d’élaborer un dispositif de sécurité interne (…) et d’assurer la sécurité et l’assistance au public en utilisant les effectifs de la police municipale et le renfort d’agents de sécurité privés qualifiés ». Mais, dans son enquête révélée fin avril, Europe 1 annonçait que les principales sociétés de sécurité refusent d’assurer cette mission dans les fan-zones. Les villes hôtes vont devoir faire appel à des entreprises moins importantes qui n’ont pas l’effectif suffisant. Des recrutements ont lieu et l’État en appelle même à une formation accélérée tout en demandant aux préfets de vérifier les identités de chaque agent de sécurité avant l’événement qui se déroulera du 10 juin au 10 juillet. De son côté, il mobilise plusieurs milliers de policiers, gendarmes, sapeurs-pompiers, secouristes et urgentistes.
Des exercices de secours grandeur nature
D’ailleurs, pour parer à toutes les éventualités, des exercices grandeur nature ont été programmés. A Bordeaux par exemple, qui accueillera sa fan-zone aux Quinconces, une simulation d’attentat a été organisée le 4 avril. Sur cet exercice, trois éléments du dispositif global ont été testés : l’interaction entre les forces d’intervention, de secours, de santé et des services en charge de l’enquête, les capacités d’évacuation et de prise en charge sanitaire et, enfin, la prise en charge des familles.Au lendemain de la finale de la Coupe de France et face aux voix contre le maintien de l’Euro et des fan-zones, le Premier ministre a indiqué, sur BFM Tv et I24, l’Euro doit avoir lieu (…) Nous avons besoin de vivre, sinon c’est la peur, et la peur c’est le repli sur soi, c’est une victoire des terroristes.
APEI-Actualités. Carine Babec