On se rappelle de la vive émotion qu’avait provoquée l’accident de la route ayant coûté la vie à Xavier Barbotin, un conseiller municipal de Vert-Saint-Denis, âgé de 43 ans.
Le conducteur d’une BMW X 5 qui l’avait percuté, le 24 septembre 2014, vers 18 h 45, à Cesson, comparaissait mercredi au tribunal correctionnel pour homicide involontaire.
Victor B. est un Roumain de 40 ans, sans casier judiciaire, qui était arrivé en France la veille du drame.
Franchissement
de ligne blanche
“ Je ne connaissais pas les routes “, a-t-il déclaré à l’audience, par le biais de son interprète. Le jour des faits, il aurait imprudemment franchi une bande blanche à Cesson, sur la R D 306. Malgré l’interdiction de la signalétique, il s’apprêtait à tourner à gauche, en direction d’un chemin de terre menant à la déchetterie.
La circulation était dense et Xavier Barbotin, qui circulait à moto et remontait la file de voiture en accélérant, n’avait pu éviter l’obstacle. Sous l’extrême violence du choc, il était éjecté tandis que son deux-roues passait sous le 4 x 4. Le quadragénaire était mort sur place.
” Je n’ai pas su ce qui était arrivé, a assuré le prévenu. J’ai cru que j’avais perdu une roue. J’ai mis 5 minutes à réaliser. Je regrette tout ce qui s’est passé “.
Victor B. a assuré qu’il avait mis son clignotant et avait regardé dans son rétroviseur. Mais il n’avait pas vu le motard…
Durant l’enquête, le chauffard, qui reconnaît aujourd’hui les faits, avait livré plusieurs versions, indiquant mensongèrement avoir voulu éviter des vélos.
Indemnités
“ Il est très regrettable pour la famille d’entendre des versions divergentes, ce comportement est inacceptable “, a déclaré Me Laurent Charreton, l’un des avocats des parties civiles, qui a réclamé une très lourde indemnité pour sa cliente, concubine de la victime. ” On avait prévu de se marier, d’avoir des enfants et de construire une maison, a souligné cette dernière, en pleurs. Aujourd’hui, je n’ai plus de famille “.
” L’absence est cruelle pour ses deux enfants, notamment pour son fils de 14 ans qui a été placé en famille d’accueil, a ajouté Me Thierry Jove-Dejaiffe, qui a demandé 50 000 € pour chaque enfant. Xavier Barbotin, qui avait une longue pratique de la route, a été assurément surpris par la manœuvre et le point d’impact se situe sur la ligne blanche “.
Réquisitions
» La ligne blanche existe aussi en Roumanie « , a souligné la procureure, Antoanela Florescu, en réponse à la prétendue inexpérience des routes françaises du Roumain. Elle a requis une annulation du permis avec interdiction de le repasser avant 5 ans, et 12 mois de prison ferme.
L’avocate du prévenu, Me Bérangère Laurain-Richard, a plaidé en faveur du partage des responsabilités : ” Le comportement de Monsieur Barbotin, qui a aussi commis une imprudence en franchissant la ligne blanche en pleine accélération, a concouru à son décès. Les indemnisations sont recevables sauf si la victime a commis une faute “. Elle a demandé une suspension simple du permis et un sursis intégral.
Le délibéré sera rendu le 6 avril.
Agnès GAUDICHON-BRAÏK