Il n’en fallait pas plus pour susciter la colère et la crainte des parents d’élèves. Lors du débat d’orientation budgétaire du 15 janvier dernier, le conseil départemental de Seine-et-Marne a annoncé sa volonté de mettre fin à la quasi-gratuité des transports scolaires. Son ambition : diminuer les subventions aux familles d’écoliers et de collégiens et supprimer toute aide aux familles des lycéens pour le financement de la carte de transport scolaire. Son argument : le transport est une compétence régionale, il semble donc normal à la majorité de droite du conseil départemental que ce soit la Région Ile-de-France qui subventionne les familles.
Très vite, les parents d’élèves ont grondé face à cette annonce qui, si elle est validée lors du vote du budget primitif le 18 février prochain, grèvera fortement le portefeuille des familles.
“On se sent abandonné”
Cette semaine, la Fédération des conseils de parents d’élèves de Seine-et-Marne (FCPE77) a lancé une pétition en ligne pour demander aux élus départementaux de revenir sur leur décision. Aujourd’hui, cette pétition dépasse les 1.400 signatures.
« Ce coup de rabot cible une nouvelle fois la jeunesse de notre département, notamment issue des secteurs ruraux et périurbains, où la question des inégalités face aux mobilités est centrale. Cela est inacceptable », spécifiait un communiqué de presse commun entre la FCPE 77, l’UNAAPE 77 et la FSU 77.
« Aujourd’hui, je paye 24 euros par an (deux fois 12 euros, le prix d’une carte Scol’R après l’aide départementale), indique Coralie Haddad, mère de deux enfants scolarisés au regroupement pédagogique intercommunal (RPI) de Beauchery-Saint-Martin, près de Provins. Si cette mesure passe, je devrais payer plus de 300 euros ! Dans la campagne, on se sent abandonné vu que c’est obligatoire pour les enfants de prendre le bus. »
Hausse de 2 745,8 % !
À Coulommiers, Olivier Boulanger, fait le même constat. Des 24 euros annuels pour ses deux enfants lycéens scolarisés à Jules-Ferry (Coulommiers) et à La Bretonnière (Chailly-en-Brie), il passerait à 683 euros pour l’année scolaire 2016-2017… Soit une augmentation d’environ 2 745,8 % ! « Il y a un problème d’équité dans le droit à l’éducation, estime-t-il. Déjà que l’on sait que les choix des filières se font trop souvent en fonction de la proximité géographique de l’établissement, là ce sera encore pire !»
Réuni mercredi 3 février, le conseil départemental de l’éducation nationale (CDEN) a rejeté ce projet de nouvelle tarification des cartes de transport scolaire. Son avis n’est que consultatif mais il rend compte de l’opposition unanime des fédérations de parents d’élèves et des syndicats. Jean-Jacques Barbaux ne pourra donc pas complètement ignorer ce mouvement.
« Lors du CDEN, les élus départementaux ont paru sensibles à la question des lycéens, qui sont les plus floués dans l’histoire, indique Mehdi Azzam, secrétaire départemental de la FCPE 77. Et le président nous a assuré ce matin (jeudi 4 février, N. D. L. R.) qu’il recevrait les fédérations avant le vote du budget. »
Une “bataille” de gagnée, mais la “guerre”, elle, se jouera le 18 février prochain.
Pierre CHOISNET