Le Père José Antonini, curé de la paroisse de Fontainebleau vit une période chargée depuis l’incendie volontaire de l’église Saint-Louis. Alors qu’elle va fermer pour deux mois pour que la suie puisse être retirée des murs, il a accepté de nous répondre sur une affaire concernant son passé, « en toute transparence ».
- Que s’est-il passé cette nuit de juin 1997 en Corse ?
Père José Antonini : Il faut remettre les événements dans leur contexte. A l’époque, je m’occupais à Bastia de toxicomanes, d’éléments très difficiles. Il y a eu une soirée et il a été décidé de faire une virée d’amusement. Un des jeunes a perçu un jeu avec un coussin comme une agression. Je ne sais pas comment il a compris ça mais je n’ai jamais touché personne, nos mains se sont juste touchées en se passant le coussin. D’ailleurs, il n’y a jamais eu de plainte. Il est parti dans la nuit, pris par une voiture de police.
- Qui a lancé la procédure ?
Toutes les parties étaient d’accord pour qu’il n’y ait aucune suite, mais le Parquet a poursuivi. C’était très politique comme décision.
- Avez-vous l’impression d’avoir “agressé” l’adolescent en question ?
Pas du tout. D’ailleurs, quand on regarde les conclusions du psychiatre (il montre les documents datant du procès NDLR), il atteste qu’il n’y a chez moi aucun élément de pédophilie ni de traitement envisagé. En revanche, pour le jeune, c’était plus compliqué (le psychiatre avait conclu qu’il avait des difficultés à « établir la limite entre le rêve et la réalité » NDLR). Malgré ça le Parquet a poursuivi. On peut le comprendre car nous étions dans un contexte corse très tendu. Mais le jugement du TGI dit d’une manière assez claire qu’il n’y a aucune interdiction de travailler avec des jeunes. Car véritablement, aucun fait n’était établi !
- Vous avez tout de même été sanctionné…
Oui, une sanction symbolique que j’ai acceptée, avec six mois de sursis et un rappel à la loi.
- Qu’avez-vous fait après le jugement ?
J’ai pris une année sabbatique pour me refaire une santé. Les choses ont été très claires. L’Eglise m’a demandé de faire un travail de mise à distance, que j’ai fait, puis tout a été qualifié vis à vis de Rome. Depuis 20 ans je mène, je crois, un Ministère brillant, sans difficulté. Je suis très clair avec les personnes avec lesquelles je suis, je l’ai dit à mes collaborateurs, mais ça n’a jamais posé de problème à personne.
- Avez-vous des regrets encore aujourd’hui ?
C’était il y a 20 ans en arrière, c’est vrai qu’aujourd’hui avec le contexte actuel on fait plus attention. A l’époque, c’était une ambiance plus « colonie de vacances ». J’aurais agressé des gamins, je comprendrais, mais là franchement… On n’aurait pas dû le faire, je n’aurais pas dû les laisser jouer, entrer dans ce dortoir. Il y avait un boucan monstre c’est pourquoi je me suis réveillé. Mais vous avez devant vous quelqu’un qui n’est pas pédophile, qui n’est pas pervers, qui a commis une faute de jugement, un manque de discernement, certes, qui a un profond regret bien entendu. Je n’ai rien à cacher, je suis en toute transparence.
Propos recueillis par Yoann VALLIER, avec H. D.
Evêque de Meaux : « Le Père José a toute ma confiance »
Nous avons interrogé Monseigneur Jean-Yves Nahmias, Évêque de Meaux au sujet du Père José. « Le Père José a toujours été très clair avec moi et dès le début il m’a donné les pièces du dossier par son avocat. Pour moi, sur le fond, il n’y a pas d’affaire. C’est en toute connaissance de cause que je l’ai nommé à Fontainebleau et je ne le regrette pas. En toute conscience, je suis convaincu qu’il ne s’est rien passé » .