C’est à la tête d’un parquet enfin complet (13 magistrats) et respectant la parité hommes-femmes que la nouvelle procureure de Melun, Béatrice Angelelli, a fait sa rentrée solennelle, lundi 25 janvier, devant une salle comble. Elle remplace Bruno Dalles, nommé cet été au Tracfin (cellule antiblanchiment d’argent), et Daniel Atzenhoffer, qui a assuré l’intérim durant plusieurs mois.
” La passion, je la porte autour du cou “
Saluée comme une femme de caractère et une grande professionnelle, Béatrice Angelelli a passé plus de 25 ans au ministère public dans différentes juridictions comme Paris, Créteil et Aix-en-Provence. Sans oublier Evry, où elle a laissé son empreinte en ayant requis aux assises une peine de perpétuité contre le tueur de l’Essonne, Yoni Palmer.
« La passion, je la porte autour du cou, a déclaré la magistrate, qui a assuré les forces de l’ordre de « sa détermination à lutter contre toutes les formes d’agression dont ils pourraient être victimes ».
Béatrice Angelelli souhaite aussi renforcer la lutte contre les discriminations, le racisme et l’antisémitisme. Par ailleurs, pour alléger la charge du tribunal correctionnel, où les audiences sont trop longues et tardives, la magistrate veut augmenter les réponses pénales alternatives, telles que les comparutions sur reconnaissance préalable de culpabilité.
Autres nouveaux visages
Parmi les nouveaux visages de la justice, citons un nouveau parquetier qui remplace David Sénat : il s’agit de Denis Devallois, qui vient de Marseille où il était spécialisé dans la lutte contre la criminalité organisée.
Dans l’assistance, on notait aussi la présence du nouveau bâtonnier, Me Florence Lampin, qui succède à Me Henrique Vannier, victime d’une tentative d’assassinat en octobre dernier. « Vous avez vécu une épreuve et l’énergie avec laquelle vous l’avez traversée a forcé l’admiration », a souligné la présidente du tribunal de grande instance, Frédérique Agostini.
A Fontainebleau
À Fontainebleau aussi, de nouveaux magistrats ont fait leur rentrée solennelle, vendredi 29 janvier. À la tête du parquet, Guillaume Lescaux, 44 ans, remplace Marc Mulet, nommée procureur-adjoint à Evry. L’ancienne présidente du tribunal de grande instance, Béatrice Blanc, promue en Gaudeloupe, est remplacée par Karine Gonnet, 47 ans. La magistrate a une carrière atypique et variée. Spécialisée dans le droit des affaires, elle a travaillé dans un cabinet d’avocat avant de devenir juge d’application des peines à Melun.
La quadragénaire a aussi travaillé à la Chancellererie, aux services des affaires internationales. En 2011, elle a poursuivi son cursus à l’étranger, au Canada, pays réputé pour sa lutte contre la récidive, où elle est devenue magistrate de liaison. Décorée en 2015 de la médaille d’or, plus haute distinction canadienne, Karine Gonnet a œuvré pour l’extradition de l’auteur de l’attentat de la rue Copernic, 35 ans après les faits.
” L’indépendance de la justice doit être soutenue “
Lors de son installation à Fontainebleau, elle a rendu hommage à ses prédécesseurs qui « ont fait un travail remarquable ». « J’aborde mes nouvelles fonctions avec humilité, a-t-elle ajouté. C’est une juridiction en capacité de juger vite et bien. L’indépendance de la justice doit être soutenue.
Il n’a y a jamais de petite affaire pour le justiciable. Nous devons porter notre attention envers les plus démunis et nous devons faciliter l’accès au droit. »
” Un parquet en parfait état de marche “
Pour sa part, le nouveau procureur Guillaume Lescaux s’est fait remarquer dès son entrée dans l’école de la magistrature, où il était le plus jeune élève de sa promotion. Après avoir sillonné différentes juridictions en France, notamment à Laval en tant que juge d’instruction, et à Nantes où il était vice-procureur, il devra diriger à Fontainebleau un parquet où il manque 30 % des effectifs. « Je souhaite m’inscrire dans la continuité de Marc Mulet, a-t-il déclaré. Mes premières semaines à Fontainebleau m’ont fait découvrir que le parquet est en parfait état de marche, avec un délai d’audiencement satisfaisant et un taux de réponse pénale qui serait de 89,4 % ».
Agnès GAUDICHON-BRAÏK