Dans la cuisine, une grande table a été dressée. Les effluves de poulet en sauce s’évadent de la cocotte fumante et titillent joyeusement les narines. Il est midi, l’heure de déjeuner pour les résidentes de la maison de Tom Pouce. Un seul mot d’ordre : convivialité. La chaîne hi-fi laisse échapper la voix de Corneille. « Nous sommes nos propres mères, si jeunes et si sérieux mais ça va changer. Alors on vit chaque jour comme le dernier. Parce qu’on vient de loin ». Ici les paroles du chanteur résonnent d’une façon particulière. Car elles ont bien l’impression d’être arrivées de loin, les jeunes filles au ventre rebondi.
Des drames lourds à porter
L’endroit est tenu secret. Et pour cause. Avant de pousser la porte de l’association, certaines ont connu la rue, d’autres ont été battues ou ont fui un pays en guerre. Les futures mamans n’ont pas 21 ans, la moitié d’entre elles est même mineure.
Des drames souvent lourds à porter. À l’instar de Lydie*, 20 ans, 8 mois de grossesse, chassée de chez sa mère.
« Ma famille n’a pas bien pris la nouvelle, explique-t-elle. Je n’avais pas respecté le choix de ma mère qui préférait que je me pose professionnellement avant d’avoir un bébé. C’est l’assistante sociale qui m’a dirigée vers cette structure. »
Dans la chaleur de la cuisine, on évoque le dernier épisode de « Secret Story ». On apprend quelques rudiments de français à la nouvelle venue, débarquée de son Cameroun natal, côté anglophone, via la Turquie. « (Une) ambiance qui permet de moins penser à nos problèmes », raconte Joëlle, 19 ans, enceinte de 6 mois d’une petite fille dont le papa « s’est évaporé dans la nature ».
Et d’ajouter :
« Je me sentais un peu seule au départ et puis finalement, être au contact d’autres femmes enceintes, c’est rassurant. Je me suis fait des amies dont je garderai les contacts à ma sortie, c’est sûr ! »
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