Il fait partie de l’un des trois passages à niveau de Seine-et-Marne qualifiés de « préoccupants » au niveau national par le président du conseil départemental Jean-Jacques Barbaux : le PN 8, de la gare SNCF de Nemours Saint-Pierre, sur la Route Départementale 16 à Saint-Pierre-lès-Nemours, qui voit passer près de 10 000 véhicules dont de nombreux poids lourds, autobus et cars scolaires, et 60 trains par jour – l’un des plus fréquentés de la région -, sera bientôt doté de deux radars qui contrôleront le franchissement du passage à niveau au feu rouge clignotant. Deux appareils situés de chaque côté du passage à niveau, l’un sur le feu tricolore à côté de l’ancienne école maternelle de la Fontaine Sèche, l’autre placé sur l’îlot séparateur en face de la pharmacie.
Le dispositif prendra en flagrant délit les automobilistes, dans chaque sens de circulation, qui franchiront le passage à niveau malgré le signal du feu rouge clignotant indiquant le futur passage d’un train. Les usagers inconscients sont flashés au début et à la fin du franchissement, que ce soit sur leur voie (passage direct) ou sur la voie adjacente (passage en contournement des barrières). La sanction ? Un retrait de quatre points de permis et 135 € d’amende.
« Sauver des vies »
Les travaux d’installation des futurs radars ont débuté mi-juillet, par la pose de câbles sous fourreau. Le dispositif devrait être opérationnel « vers la mi-août, voire fin du mois », indique Bernard Rodier, le maire (Divers droite) de Saint-Pierre-lès-Nemours. C’est l’an dernier, presque jour pour jour, que Nicole Klein, l’ancienne préfète de Seine-et-Marne, avait confirmé la pose de radars sur le PN 8, considéré comme étant l’un des passages à niveau les plus dangereux et accidentogènes du département.
« Cela faisait des années qu’avec la députée-maire (LR) de Nemours Valérie Lacroute, nous demandions la mise en place de radars sur ce passage à niveau, rappelle l’élu, soulagé. Lors de la 7e Journée nationale de sécurité routière aux passages à niveau qui s’était déroulée en juin 2014 en gare de Nemours – Saint-Pierre, nous en avions remis une couche. Et notre motivation a payé. Je suis satisfait. On peut dire ce que l’on veut : un radar, préventif ou répressif, ça peut sauver des vies. En revanche, nous attendons toujours des nouvelles de la création de passages souterrains pour supprimer les PN 7 et PN 8, ce qui désengorgerait la circulation routière. Ce projet devait être inscrit dans le contrat de plan État-Région 2014-2020, mais il coûte 40 millions d’euros. Qui va le financer ? Chacun se renvoie la balle, et rien n’avance. »
Dissuasion
Le dispositif devrait coûter « entre 80 000 et 100 000 € financés par l’État, la Région et la SCNF », indique Bernard Rodier. « Avoir des radars à cet endroit est une bonne idée, trouve Philippe, un automobiliste saint-pierrois qui traverse tous les jours le passage à niveau pour se rendre au travail. Si cela peut dissuader les plus téméraires et ainsi éviter les accidents, on ne peut qu’être d’accord avec cette installation. Et même lorsqu’il n’y a heureusement pas de catastrophe au bout, un véhicule coincé entre les barrières bloque la circulation sur la route et sur les voies ferrées, ça agace tout le monde. » Christine, elle aussi de Saint-Pierre, n’est pas vraiment du même avis : « La prévention, je suis d’accord, mais j’ai entendu dire que les radars installés aux passages à niveau avaient tendance à verbaliser plus que de raison à tort ! Quatre points de permis en moins et 135 € d’amende, ce n’est pas rien. » Argument nul et non avenu pour Bernard Rodier : « Il y aura toujours des mécontents, mais le fait est que ces radars sont indispensables ! Le PN 8 a beaucoup trop coûté en vies humaines ces derniers temps. Et il faut que les usagers, automobilistes, cyclistes et même piétons, se rendent compte qu’on doit respecter le code de la route même sur un passage à niveau. Fin juillet, je me suis rendu avec d’autres élus à hauteur du PN 8, en soirée, sur les coups de 22 h. Il y avait peu de circulation, mais nous avons quand même vu défiler cinq voitures qui ont franchi le passage à niveau à la suite alors que le feu était rouge et que les barrières s’abaissaient ! Nous étions en gilet jaune, juste à côté d’eux, mais ça n’avait l’air de pas gêner. Il faut que les mentalités changent, et si les radars peuvent y aider, tant mieux ! »
Nicolas FILLON