« On se croirait revenu en 39-45, c’est totalement inadmissible ! » Bernard Rodier fulmine. Le maire (Divers droite) de Saint-Pierre-lès-Nemours est encore abasourdi par la récente décision de l’inspection académique de Créteil de « procéder à une nouvelle codification des établissements distinguant l’enseignement public de l’enseignement privé, qui fiche les élèves selon leur provenance ».
Surcharge
Concrètement, les 3e du collège privé de « La Roche-au-Coq » de Saint-Pierre avaient jusqu’à présent comme lycée de secteur Étienne-Bézout, à Nemours, deux établissements séparés seulement de trois kilomètres. Mais pour la rentrée prochaine, ils devront se rendre à Fontainebleau, Avon ou encore Champagne-sur-Seine.
« La capacité d’accueil de Bézout pose problème, explique Sébastien Bourdellot, cosecrétaire départemental du premier syndicat du secondaire SNES-FSU 77 et professeur de sciences physiques au sein du lycée nemourien. Pourtant, cela fait cinq ans que nous demandons un agrandissement du lycée et des investissements supplémentaires. Mais ni la Région, ni l’inspection académique n’ont anticipé ce phénomène de surcharges des classes de seconde. Il y en a actuellement 11 à Bézout, et elles ne suffisent pas pour accueillir tout le monde. L’an prochain, on va se retrouver avec des effectifs de 36 élèves en moyenne. L’ouverture d’une douzième classe aurait pu permettre d’éviter cette situation. Mais l’inspection laisse traîner exprès pour ne pas ouvrir des postes d’enseignants et prévoir au minimum. Et ce sont les élèves de la Roche-au-Coq qui sont sanctionnés parce que désormais, pour l’Éducation nationale, c’est le critère public/privé qui prime sur celui des résultats scolaires pour décider des affectations. »
Contraintes
Dans cette configuration, outre les enfants, ce sont les parents qui vont trinquer, estime Bernard Rodier : « Beaucoup de parents d’élèves de Sainte-Marie habitent Nemours ou Saint-Pierre. Et ils sont désormais confrontés à des incertitudes logistiques et financières. Il y a d’abord la prise en charge des frais de transports étendus, voiture ou bus, pour faire le trajet du Pays de Nemours jusqu’à Fontainebleau, Avon ou Champagne-sur-Seine. Je n’ose même pas imaginer, le samedi matin lorsque les élèves auront cours, le bazar engendré sur les lignes de cars dont nous ne sommes même pas sûrs qu’elles sont assez bien garnies pour emmener tout le monde. Se posera également le problème de la cantine, que les parents désirant inscrire leurs enfants en tant qu’externes n’auraient pas eu à payer en raison de la proximité du lycée Bézout avec leur domicile. Sans oublier les frais de scolarité élevés dans le cas d’une intégration dans le privé en cas de surcharge dans les lycées publics, avec le risque de séparer des frères ou des sœurs d’ores et déjà affectés. »
Pour l’élu, il s’agit d’une « politique complètement absurde, contre-productive et qui ne va absolument pas dans le sens de la réussite scolaire des enfants » du territoire. Le maire saint-pierrois annonce par ailleurs étudier « toutes les voies de recours » qui lui seront offertes pour faire annuler la décision de l’inspection académique.
« Répondre à l’évolution démographique »
Pour Roseline Sarkissian, conseillère régionale (PS) et membre du conseil d’administration de Bézout, le lycée nemourien n’aurait pu accueillir davantage de classes. « La capacité de ce lycée est de 1350 élèves, et il accueillait donc 1217 élèves à la rentrée 2014, précise-t-elle. L’accueil d’un flux supplémentaire, maximum trois classes, aurait été possible mais au-delà de la réglementation, et plus spécifiquement les normes sécurité-incendie, qui n’auraient pas été respectées. Je vais solliciter la revoyure du Plan Pluriannuel d’Investissements de la Région afin de répondre à l’évolution démographique. Mais je regrette que les parents d’élèves des 3e de Sainte-Marie n’aient pas été informés dès le début d’année 2015, lors de la période de pré-inscription, que toutes les demandes d’inscription à Bézout ne pourraient être honorées. »