Le Cercle Condorcet de Seine-et-Marne et l’agglomération de Sénart organisent une conférence sur le thème « Islam et laïcité », lundi 15 juin à 20 h 30 à l’hôtel de la communauté à Lieusaint. Elle sera animée par Ghaleb Bencheikh, écrivain, philosophe et islamologue qui présente notamment l’émission Islam sur France 2.
La République de Seine-et-Marne : quel est le message que vous souhaitez faire passer ?
Ghaleb Bencheikh : Le débat actuel sur l’Islam et la laïcité est un des sujets cruciaux de la nation. Il faut savoir aborder le sujet sut la situation de la République avec ses citoyens et enfants musulmans. On part de préjugés tenaces : celui d’une incompatibilité entre l’islam et la laïcité. Beaucoup de polémiques viennent l’abonder comme la question du voile, de la cantine halal etc. Dans le vacarme, la meilleure posture à avoir est souvent de prendre de la hauteur. Il faut déconstruire cette idée d’incompatibilité entre islam et laïcité.
Ces termes sont souvent mis en opposition
Il faut retrouver la laïcité en tant que principe juridique. Elle ne doit pas avoir d’idéologie car ce n’est pas une doctrine. La loi garantit le libre exercice de la foi, aussi longtemps que la foi ne prétend pas dicter la loi. La laïcité est un principe de neutralité, elle se tient à égale distance de toute chose. Cela n’a donc pas de sens de les opposer.
C’est un mot anxiogène car il souvent assimilé au discours de fous de dieu.
Qu’en est-il du mot islam ?
C’est un mot-valise. On y trouve par exemple toute la logorrhée d’Al-Quaïda ou Daesh. C’est un mot anxiogène car il souvent assimilé au discours de fous de dieu. Mais la réalité est plus complexe. Un grand travail doit être fait pour sortir de l’ornière. L’argument qui consiste à dire que les musulmans ne peuvent pas vivre avec la laïcité est totalement faux.
Quelle est votre vision pour que ces deux termes ne soient plus opposés ?
Il y a un effort à faire pour banaliser l’islam et surtout l’harmoniser au sein de la République. Il est temps que les intellectuels musulmans s’emparent du sujet pour vivre harmonieusement : ils doivent être des phares pour leurs coreligionnaires. Il y a un effort à faire pour recouvrer les notions de modernités qui sont parfois oblitérées dans la pensée islamique.
Celle-ci est devenue une pomme de la discorde mise en avant par des polémiques comme « l’affaire du pain au chocolat » (avec Jean-François Copé, le maire de Meaux, ndlr). On est dans un climat de friction. Il faut retrouver les vraies valeurs pour construire ensemble une nation commune.