Quel a été votre réaction en apprenant que le Conseil d’État invalidait votre élection, provoquant, de facto, un nouveau scrutin ?
Monique Delessard : J’ai été très surprise par cette décision que je regrette. Lorsqu’en mars 2014, j’ai décidé de ne pas comptabiliser les bulletins de vote de Cédric Pommot après avoir constaté une irrégularité (lire l’encadré), j’ai parfaitement respecté le code électoral ! Il s’agissait de son erreur, qui n’avait en outre pas été relevée par la commission de propagande (organisme délégué par la préfecture pour contrôler la conformité des candidatures avant une élection, N.D.L.R.).
Pourtant, à cause de l’invalidation des bulletins de vote de Cédric Pommot, ce sont près de 15 % des électeurs ayant voté pour lui qui ont été pénalisés…
C’est en effet regrettable que ces électeurs n’aient pas pu être représentés au deuxième tour et dans le conseil municipal. Mais par la seule faute de Cédric Pommot, c’est une majorité de Pontellois-Combalusiens qui se retrouvent pénalisés. Or, rappelons que ceux-ci se sont très majoritairement prononcés en ma faveur lors de ces élections (Monique Delessard a recueilli 37,58 % des suffrages exprimés au premier tour et 39,49 % au second tour, N.D.L.R.).
Quand doivent avoir lieu ces nouvelles élections ?
Nous n’avons toujours pas de date précise, mais cela devrait se dérouler en juin. A priori, le premier tour devrait tomber le 14 ou le 21 juin, et le deuxième tour le 21 ou le 28 juin.
Ces nouvelles élections coûteront à la ville entre 60 000 et 70 000 euros !
Repartez-vous en campagne avec la même liste électorale que celle de mars dernier ?
Nous avons tenu une réunion lundi 18 mai, et tout le monde est prêt à repartir à mes côtés. La liste que nous présenterons sera donc la même que celle de mars 2014 pour laquelle les électeurs se sont prononcés. Pour ce qui est du programme, celui-ci conserve nos promesses de la campagne 2014, mais il a été enrichi par notre première année de mandature, notamment grâce aux nombreuses consultations citoyennes organisées par la majorité.
Je tiens à ajouter en outre que, selon moi, la demande de Cédric Pommot de faire invalider l’élection est un moyen déguisé de former des alliances qu’il n’avait pas pu former la dernière fois.
Qu’est ce que cela implique de voir se tenir de nouvelles élections ?
C’est d’abord une charge financière importante qui coûtera entre 60 000 et 70 000 euros à la Ville, à cause du coût que cela représente de faire travailler le personnel communal en heures supplémentaires. C’est aussi une charge pour l’État qui devra à nouveau rembourser les frais de campagne de chaque liste qui fait plus de 5 % au premier tour, et ce jusqu’à une limite de 23 502 euros par liste.
L’autre pénalité concerne directement la capacité de la ville à s’autogérer. Nous avions prévu des travaux de voirie cet été, ainsi que dans les écoles et les gymnases. Or, ceux-ci sont pour le moment bloqués. On en a au moins jusqu’au 15 juillet, après la mise en place du prochain conseil municipal. Et après, allez trouver une entreprise qui accepte de démarrer un chantier en août… Le problème, c’est que ces travaux ne peuvent se faire qu’en été, quand les gens sont en vacances et que les gymnases et les écoles sont inoccupés. Nous allons devoir reporter toutes ces rénovations à l’année prochaine…
Dans quel état d’esprit abordez-vous ces nouvelles élections ?
Nous sommes confiants. L’important est que les habitants se mobilisent et retournent voter, même si beaucoup d’entre eux nous disent qu’ils ne comprennent rien à la situation actuelle. Malheureusement, une élection partielle mobilise toujours moins.
Propos recueillis par Pierre CHOISNET
Cédric Pommot : « J’ai un sentiment de satisfaction »
Cédric Pommot a remporté une bataille, mais la guerre est loin d’être gagnée. Même s’il a de bonnes chances de se qualifier pour le deuxième tour de ces nouvelles élections, il devra compter sur une nouvelle donne politique et, surtout, sur la concurrence de la maire sortante, qui l’avait devancé de plus de 20 % en 2014. « J’ai un sentiment de satisfaction pour plusieurs raisons, explique l’ancien adjoint de Monique Delessard. Par deux fois (le tribunal administratif et le Conseil d’État, ndlr), la justice a reconnu ma bonne foi dans cette affaire. Surtout, elle a surtout reconnu que la sincérité du scrutin avait été biaisée, et que la commission de propagande en porte la responsabilité. Je me porte donc candidat avec une liste élargie qui rassemblera des citoyens de gauche et du centre, ainsi que des écologistes ».
Il ajoute : « Même si je ne porte pas la responsabilité entière de ce qu’il s’est passé, cela n’enlève pas mon sentiment de culpabilité. Pour autant, si la commission avait fait son travail, ni moi ni les citoyens qui ont voté pour ma liste n’aurions été floués ». Et de lancer, preuve que la campagne a bien débuté : « Les quinze mois qui se sont écoulés ont démontré que Monique Delessard n’est plus la femme de la situation. Elle a fait preuve d’une incroyable mauvaise foi et d’une culture de la haine qui n’est pas digne d’un maire ! »