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La vérité sur les travaux de la piscine

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La piscine ne rouvrira pas à la rentrée : l’option la plus optimiste est pour l’heure une ouverture en janvier 2016.
La piscine ne rouvrira pas à la rentrée : l’option la plus optimiste est pour l’heure une ouverture en janvier 2016.

Le ton est grave, les mots choisis. Chahuté par l’opposition depuis que notre journal révélait que des problèmes sur la piscine de la Faisanderie avaient été détectés bien avant la fermeture à l’été 2014 (lire La République de Seine-et-Marne du 22 mars 2015, ndlr), le président de la communauté de communes Frédéric Valletoux a choisi le dernier conseil communautaire pour répliquer. Avec une ligne de conduite : la meilleure défense, c’est l’attaque.

Ainsi, lors d’une longue tirade, le président s’est appliqué à pointer du doigt tous ceux qui ont évoqué le problème : Jean-Pierre Le Poulain (ancien maire d’Avon), Jean-Christophe Laprée (ancien vice-président de la CCPF), Monique Fournier et Cédric Thoma (opposants) et même notre journal. « Il est temps de clarifier les choses, disait-il devant ses collègues. A Fontainebleau, il y en a qui ne vivent que de la polémique à l’infini ». Il se devait d’être convaincant : les quatre autres maires de l’interco ont accepté avec regrets d’augmenter les impôts, quitte à renoncer à leurs promesses de campagne, pour financer cette fameuse « dépense imprévue ».

Valletoux choqué par les « accusations »

Alors, à la façon d’une plaidoirie, M. Valletoux se disait injustement attaqué : « nous aurions dissimulé des informations sur l’état réel de la piscine. Je voudrais que l’on m’explique quelle information précise vous détenez pour porter de telles accusations ». Les « informations précises », justement, figurent dans les études que la communauté de communes a commandées en 2012 et 2013. Le sujet d’inquiétude : l’état des poteaux. Pour la première fois, le président était contraint lors du conseil communautaire de révéler l’existence de ces études, réalisées avant les municipales. Pour le président, « à aucun moment il est écrit qu’il fallait fermer la piscine. Le rapport sur les poteaux béton disait qu’il fallait faire un suivi ».

Tout est sans doute question d’interprétation. Nous nous sommes procuré les fameuses études et les conclusions sont plus nuancées (lire encadré) : dès 2012, le cabinet Althéa parlait de « pathologies » et de « mesures à court terme à prendre sur les poteaux ». En 2013, le problème s’aggrave. Le cabinet parle de « processus inexorable », précisant même « qu’un renforcement provisoire doit être mis en place rapidement ». Entre « mesures de suivi » et « renforcement », chacun pourra donner aux mots le sens qu’il souhaite. Mais il reste que le besoin de travaux, à court ou moyen terme, sur ces fameux poteaux était connu même si à ce stade il n’était nullement question de mise en danger des utilisateurs.

Un chantier à 2 millions

Des poteaux qui nécessitent des travaux, certes, mais c’est bien l’état de la charpente (et donc des poutres) qui a justifié la fermeture en urgence à l’été 2014. Il n’y aurait aucun lien de causalité entre les poteaux et les poutres selon le président de la communauté de communes, qui en a profité pour dire « qu’avant de jeter des accusations comme celles-ci, il faut prendre de la mesure et de la distance, que l’on ne fasse pas croire n’importe quoi ». Difficile, à ce stade de faire un lien clair de causalité entre l’état des poteaux connu de longue date et celui des poutres. Restent des éléments objectifs : l’étude du 8 septembre 2014 émet comme hypothèse que la mise en œuvre des capots métalliques en 2010 sur les poteaux a créé un espace « confiné et non-ventilé autour des appuis des poutres ». Deuxième élément : le devis pour les travaux à venir concerne pour moitié les poteaux en béton, et pour moitié les poutres, ce qui tend à prouver que les désordres révélés avant les municipales étaient tout aussi importants que ceux mis à jour à l’été 2014.

Cet énième épisode du feuilleton mouvementé de la piscine n’a rien d’anodin. Car les sommes en jeu sont importantes et ont de lourdes conséquences. Le projet de tennis couvert espéré par Bourron-Marlotte a été ajourné à cause de la piscine, par exemple. Et pour cause : le devis révélé lors du conseil communautaire s’élève à 1,65 million d’euros auxquels s’ajouteront très certainement une tranche conditionnelle de 260 000 € et 34 000 € de finition. Montant total de la facture : 1,94 million.

Rapport 2013 de la CC : tout baigne pour la piscine

183 656 entrées, des recettes de 524 373 €, 57,4 % des utilisateurs de la piscine appartenant à la communauté de communes : le rapport d’activité 2013 de la communauté de communes donne de nombreuses informations sur le bilan de la piscine en 2013 (à télécharger sur le site de la CC, onglet « publications » sur la page d’accueil). Pas un mot, en revanche, sur les fameuses études sur les désordres des poteaux. À noter que si Frédéric Valletoux a déclaré que les études de 2012 et 2013 étaient librement « consultables », ces dernières n’ont toujours pas été mises en ligne sur ce même site internet. De la même façon, nous n’avons trouvé dans les différentes lettres d’informations de la CC disponibles sur le site (la plus ancienne datant de janvier 2011) aucune mention des études sur la piscine.

Ce que disent les études

Voici quelques extraits des différentes études menées sur la piscine depuis 2012.

-> 10 octobre 2012 (étude Althéa)

« Une première observation des poteaux permet de relever les pathologies suivantes : un décollement rapide de l’enduit, une fissuration, voir une fracturation du béton, pouvant être importante, des traces d’écoulement de couleur rouille sur certains poteaux en face Sud. (.) Des mesures à court terme sont à prendre sur les poteaux : purge des enduits de parements et des granulats du béton, mise en place de filets à maille enserrant les têtes de poteaux, surveillance régulière (une fois par mois) sur l’état du béton de surface »

-> 3 octobre 2013 (étude Althéa, selon la synthèse de la SEDIM)

« - L’évolution de la dégradation du béton se poursuit plus ou moins rapidement selon les poteaux mais le processus semble inexorable

- Les platines de fixation de la charpente sur les poteaux sont très corrodées, des pertes de section sont visibles

- Les aciers à béton sont en cours de corrosion

- La tête du poteau P12 subit des contraintes mécaniques importantes et sa déformation s’accentue. Un renforcement provisoire, à base de profilés métalliques boulonnés par exemple, doit être mis en place rapidement »

-> 19 août 2014 (étude Véritas)

- « Au regard des éléments mis en évidence par le diagnostic, nous conseillons le remplacement complet de l’étanchéité.

-> 15 octobre 2014 (Estimation coûts des travaux, Véritas)

- Il apparaît nécessaire de procéder à des travaux de réparation à court terme (sur les poteaux, NDLR). Ces travaux concernent notamment la reprise traditionnelle des bétons et des armatures dégradées.

- Les poutres P3, P4 et P5 ne peuvent plus assurer leurs fonctions structurelles, ce qui ne leur permet plus de reprendre les charges appliquées.

- L’étanchéité du toit terrasse est en fin de vie »


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