Une semaine après l’annonce par l’Union des commerçants de l’arrêt de ses activités, c’est au tour d’une autre association emblématique de Fontainebleau d’être dans la tourmente. Fontainebleau Loisirs et Culture (FLC), l’une des plus grosses de la ville avec ses 1.300 adhérents, ses 4 salariés et ses 40 intervenants, vieille de 50 ans, est plus que jamais dans la tourmente. A ce jour, elle n’a plus de président ni de bureau, et son avenir semble plus que jamais incertain.
Les Bellifontains connaissent bien la Maison des Associations de la rue du Mont Ussy qui héberge l’association. La ville la subventionnait fortement jusqu’à cette année, à hauteur de 116.000 euros. Mais avec le renouvellement de la convention d’objectifs et de moyens à venir, les administrateurs ont appris que la mairie souhaitait réduire la subvention de 35 %. La ville a même suspendu le versement de la subvention en attendant le renouvellement de la charte. Aussi et surtout, les fameuses salles de la maison des associations ne seraient plus réservées à FLC. Une sérieuse remise en question, à l’heure où l’association a réussi à équilibrer ses comptes après deux années largement déficitaires.
La question, plus que sensible, a été abordée lors du dernier conseil municipal. La socialiste Roseline Sarkissian ne comprenait pas « la baisse colossale de la subvention, d’autant plus étonnante qu’elle arrive au terme d’une échéance électorale ». Sur ce dossier, le politique a pris le dessus. En cause, clairement, le positionnement politique supposé de l’association, et plus précisément de sa présidente Isabelle Olzenski qui a fait partie de la liste de Mme Sarkissian lors des municipales. Ce que ne cache pas le maire : « Il y a chez FLC un glissement vers un mélange des genres, un détournement par rapport à l’objet de cette association. FLC doit s’occuper des loisirs et de la culture. Or c’est la première fois que la présidence est occupée par une personne présente sur une liste municipale. Ce sont des sommes importantes, et l’association doit être dans la neutralité. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas ».
La menace du « claquement de doigts »
Nous avons demandé au maire quels faits précis il reprochait à Mme Olzenski, mais nous n’avons pas obtenu de réponse. Lors du conseil, le maire jurait qu’il ne voulait pas « fragiliser l’association », mais la situation est désormais plus que précaire. La présidente a démissionné (lire encadré), comme les deux tiers du bureau. A la fin de la saison, difficile de prévoir ce que va devenir la structure. On peut s’attendre à une subvention réduite, mais surtout à des problèmes de salles. Le maire a annoncé que la ville souhaitait « reprendre à sa charge la gestion de l’accueil et des locaux de la maison des associations ». Faut-il y voir les prémices d’un déménagement de la Nébul’ dans les locaux de la MASA ? Il est trop tôt pour le dire. Une chose est sûre : le maire était déterminé à ne pas laisser Isabelle Olzenski à la présidence, déclarant (selon plusieurs témoignages concordants NDLR) lors du conseil d’administration, devant une centaine d’adhérents « qu’il pouvait en 10 minutes et un claquement de doigts suspendre instantanément la totalité de la subvention ».
Le maire a donc semble t-il obtenu ce qu’il voulait : pousser le bureau à la démission avant que la nouvelle charte soit signée. Reste à savoir quel impact aura ce coup d’éclat sur les salariés, les adhérents, et plus globalement sur la politique culturelle de la ville. Il n’a pas fallu attendre longtemps pour constater un premier effet : FLC, qui participe aux festivités consacrées au jumelage cette semaine, a été largement écartée du programme officiel édité par la mairie.
Yoann VALLIER
Isabelle Olzenski s’explique
Sortant de sa réserve habituelle, l’ex-présidente Isabelle Olzenski, interrogée par nos soins, s’étonne : « comme je l’ai fait en assemblée générale, aucun bureau, conseil d’administration, ne se sont tenus pendant la campagne, aucun message aux intervenants, aux adhérents, n’a été adressé et je ne me suis jamais présentée aux électeurs en tant que présidente de FLC. Je m’étonne aussi d’avoir été réélue, à l’issue de la dernière l’assemblée générale, à la présidence de FLC, à l’unanimité, c’est-à-dire avec les voix des membres de droit, celle du maire et de ses deux représentants. Allez comprendre puisque c’est soi-disant moi le problème …. dans ce dossier l’incohérence sert hélas d’esprit de suite ». Elle a depuis démissionné lors du dernier conseil d’administration : «j’ai compris que mon maintien à la présidence menaçait l’avenir de FLC, le maire m’accusant d’avoir écrit un éditorial « manipulateur » dans la feuille d’informations de l’association et menaçant de clore le dossier.»