Romain L’Hermitte partageait le bonheur de ses joueuses après la première victoire de l’USO Mondeville cette saison. Basket Landes, pourtant quatrième du classement, en a fait les frais (57-51).
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Sport à Caen : Romain, pas grand-monde n’aurait misé un kopek sur vous avant cette rencontre. Y croyais-tu toi-même ?
Romain L’Hermitte : Pas du tout ! Je me demandais à quelle sauce nous allions être mangés. Comme d’habitude, on espérait tenir le plus longtemps possible. La question est toujours de savoir à quel moment on va craquer. Aujourd’hui, on n’a pas craqué. On a réussi à avoir ce mélange qui fait Mondeville, la jeunesse et les cadres qui gèrent tout ça. C’est exactement comme ça qu’il faut qu’on gagne nos matchs.
Il n’y avait pas mille façons de gagner avec deux joueuses en moins, Myriam Djekoundadé et Courtney Hurt. Même si vous avez bien joué, il fallait d’abord mettre beaucoup de cœur ?
On est toujours en train de se poser 50 000 questions : « qu’est-ce que je n’ai pas bien fait, pourquoi je n’arrive pas à le faire, qu’est-ce qu’il faut changer… » Cette semaine, on a tout repris au commencement. On s’est dit qu’on allait jouer exactement comme on aime jouer : faire bouger la balle, arrêter de se poser des questions pour savoir quel système de jeu il fallait qu’on annonce, bref jouer à la mondevillaise. On a joué ensemble du début à la fin. La preuve, nos meilleures scoreuses ne sont pas Kim (Gaucher) ni Kris (Mann). Même avec la maladresse qu’on a pu avoir, notre jeu a continué d’exister. C’est le plus important.
« On a eu un surplus de confiance »
Voilà bien longtemps que vous n’aviez pas si bien joué, au-delà du courage mis dans ce match. Il y a pourtant eu plusieurs rencontres très étriquées.
Toute la difficulté est de continuer à faire confiance à ce basket dans des matchs plus durs, plus stressants. Là, on était libéré. On a eu de la confiance, et c’est ce qui nous a amené à performer ensemble. Le plus dur est de garder un collectif dans la difficulté. On était dans la difficulté avec treize défaites, bien sûr, mais on a eu un surplus de confiance. Ça nous a aidés. Il faut qu’on pense à ce match en se disant que c’est notre équipe qui a gagné, pas une joueuse ou un système. C’est une philosophie et une façon d’être, de sourire, d’encourager tout le monde, de ne pas s’énerver pour des bêtises, qui ont gagné.
Des joueuses ont toutefois tiré leur épingle du jeu dans ce collectif, notamment Ewl Guennoc qui était titulaire.
Cela fait quelques semaines qu’elle est vraiment de mieux en mieux à l’entraînement. Le plus dur avec Ewl, c’est que l’équipe ait confiance en elle. Aujourd’hui – c’est la nouveauté qu’on a eue – on a fait confiance à Ewl. On a arrêté de vouloir monter la balle pour elle. Avant, elle avait aussi tendance à se débarrasser du ballon. Elle donnait la balle à Kris et elle courait devant. Comme elle voit Shona le faire, elle se dit qu’elle va faire pareil (sourire). Sauf que Kris, il faut qu’elle monte la balle, qu’elle marque les points, qu’elle prenne les rebonds, qu’elle défende… Ce n’est pas possible. Aujourd’hui, Ewl a vraiment rempli son rôle. Depuis décembre, elle monte en puissance. Ce n’est pas une surprise de voir ce qu’elle fait parce que je la sens progresser. Le contexte Basket Landes, ça aide aussi. C’était son premier gros match en Ligue féminine il y a un an. C’est le seul match qu’on avait gagné sans Berkani.
« Pour les joueuses, cette victoire change beaucoup de choses »
Céline Dumerc nous a dit qu’elle détestait Mondeville. Vous êtes un peu la bête noire de Basket Landes…
Céline Dumerc nous déteste depuis qu’elle est à Basket Landes, je ne pense pas que c’était le cas à Bourges (sourire). C’est vrai qu’on performe souvent contre Basket Landes. Honnêtement, c’est quand même une équipe qui est moins athlétique que les autres. Je pense que ça nous aide. Au match aller, sans Kim, on passe au travers bêtement alors qu’on doit gagner. On est dominant contre Basket Landes à l’intérieur. Ce n’est pas le cas contre toutes les équipes.
C’est vrai qu’Ana Tadic a été très impactante ce dimanche.
Oui, d’abord parce que notre jeu collectif l’a aidée en ce sens. Si elle prend ses responsabilités quand notre jeu collectif tourne bien, elle a juste à aller marquer. Elle a joué avec beaucoup d’agressivité. Il faut qu’elle garde cela. Ana a une grosse marge de progression. C’est très, très bien qu’elle ait fait un bon match. On l’attend depuis tellement longtemps que c’est important. Je sais très bien qu’elle peut performer.
Basket Landes ne sera pas en playdowns, c’est une victoire qui ne va pas compter au classement, et pourtant ça chance forcément des choses après une si longue série noire…
Pour moi, ça ne change pas grand-chose. Pour les joueuses, ça change beaucoup de choses. Les voir sourire, ça fait tellement plaisir ! Je leur ai dit avant le match : « vous savez, moi j’en ai des victoires. Quand Myriam (Djekoundadé) marque 18 points, c’est une victoire pour moi. Quand Louise Bussière met un trois points sur la tête de Whitcomb à Montpellier, c’est une victoire pour moi. Quand Kim est leader du championnat au scoring, c’est une victoire pour moi. » Mais cette victoire contre Basket Landes, c’est une vraie victoire pour les filles. On sait qu’on en a besoin. Ça va nous permettre d’avoir de la confiance. Surtout, on a une référence. Ce sera un tout autre match contre Tarbes (le prochain match de Mondeville dans deux semaines, ndlr), mais on sait qu’on peut le faire. C’est vraiment important.